En juillet 2025, le Livret A a enregistré une décollecte nette de 70 millions d’euros, un phénomène jugé exceptionnel par les experts. Cette situation contraste fortement avec les collectes positives observées au cours des années précédentes. Bien que la tendance générale de l’épargne réglementée demeure légèrement favorable grâce au LDDS, cet incident illustre comment la décollecte devient une réalité lorsque les taux d’intérêt diminuent, rapporte TopTribune.
Un mois marqué par une décollecte inédite du Livret A et une collecte du LDDS
Après six mois de flux positifs, le Livret A a subi en juillet 2025 une décollecte nette de 70 millions d’euros. Les dépôts n’ont donc pas réussi à compenser les retraits, contrairement au Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) qui a, lui, enregistré une collecte de 340 millions d’euros durant cette période, selon les chiffres révélés par la Caisse des Dépôts le 21 août 2025. Malgré tout, l’encours total du Livret A s’élève à 445,4 milliards d’euros à la fin du mois, tandis que le montant du LDDS atteint 164 milliards d’euros.
Dans l’ensemble, le duo Livret A-LDDS demeure légèrement positif avec une collecte nette de 270 millions d’euros en juillet 2025, ce qui porte l’encours combiné à 609,4 milliards d’euros. Cependant, cette performance reste bien en dessous des niveaux habituellement observés à cette période de l’année. Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne, résume la situation de manière saisissante : « L’annonce de la réduction du taux du Livret A, qui est passé de 2,4% à 1,7% en juillet 2025, a refroidi l’enthousiasme des épargnants, entraînant ainsi une seconde décollecte en 2025 ».
Une décollecte en juillet, du jamais vu depuis 2015
Il faut remonter à dix ans en arrière, durant le mois de juillet 2015, pour retrouver une décollecte concernant le Livret A, qui était alors de 970 millions d’euros. Depuis 2020, chaque mois de juillet avait enregistré une collecte supérieure à 1 milliard d’euros. L’an dernier, en juillet 2024, cette collecte s’élevait à 1,57 milliard d’euros, tandis que la moyenne des collectes sur la période de 2015 à 2024 était de 1,25 milliard. Cette décollecte actuelle représente donc une rupture significative par rapport à cette tendance.
Depuis le début de l’année, le Livret A n’a cumulé que 2,9 milliards d’euros, en comparaison avec 11,71 milliards sur la même période en 2024. Le LDDS, quant à lui, a également vu une diminution avec une collecte cumulée de 3,4 milliards de janvier à juillet 2025, contre 5,61 milliards un an plus tôt. Le Livret d’Épargne Populaire (LEP) a connu un léger redressement en juillet avec 450 millions d’euros de dépôts, mais son cumul sur sept mois reste négatif à – 1,97 milliard d’euros, en décalage avec les + 4,98 milliards constatés sur la même période en 2024. Ces chiffres témoignent d’un essoufflement général de la collecte nette.
Les raisons derrière la décollecte de juillet 2025
L’explication principale mise en avant par les analystes est la baisse des taux. Depuis le 1er août 2025, le rendement du Livret A a chuté de 2,4% à 1,7%, s’alignant ainsi sur le LDDS. Le LEP, qui bénéficie d’un taux dérogatoire réservé aux foyers modestes, a vu son taux diminuer de 3,5% à 2,7%. Cette baisse des rendements a naturellement conduit certains épargnants à retirer une partie de leurs investissements, diminuant l’attractivité du Livret A.
D’autres facteurs ont également joué un rôle. Le Cercle de l’Épargne met en avant que le LDDS a bénéficié des remboursements d’impôts pour plus de 10 millions de contribuables, souvent directement crédités sur ce produit. Le LEP, quant à lui, a maintenu un certain niveau de résistance grâce à son avantage fiscal et un taux plus élevé que celui du Livret A, malgré une décollecte cumulée encore négative. Par ailleurs, la perception d’un rendement insuffisant face à l’inflation et aux autres possibilités d’investissement a lourdement pesé sur la confiance des ménages.
