Le mois de mai 2025 représente une nouvelle phase dans l’évolution de l’épargne des ménages français, en particulier en ce qui concerne les livrets réglementés. Alors que les taux d’intérêt demeurent inchangés depuis février, le Livret A connait une collecte favorable, opposée à la décollecte sévère observée pour le Livret d’épargne populaire (LEP). Les derniers chiffres fournis le 23 juin 2025 par la Caisse des Dépôts mettent en exergue des choix d’arbitrage de plus en plus distincts, rapporte TopTribune.
Performances solides du Livret A et du LDDS en mai 2025
En dépit d’un contexte de taux stabilisés, l’épargne réglementée a connu une performance robuste en mai. La collecte nette combinée du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a atteint 1,88 milliard d’euros dans l’ensemble des réseaux bancaires, selon les données officielles émises par la Caisse des Dépôts le 23 juin 2025.
Pour être plus précis, le Livret A a récolté 1,22 milliard d’euros, et le LDDS a ajouté 660 millions d’euros à ce montant total. Ces résultats signalent une légère reprise après plusieurs mois de ralentissement, avec un encours global sur ces deux produits qui s’élève désormais à 608,6 milliards d’euros, renforçant ainsi leur rôle en tant que refuge pour l’épargne de précaution.
Décollecte significative pour le Livret d’épargne populaire
Le contraste est saisissant. Le LEP, destiné aux ménages à revenus modestes sous conditions, a subi une décollecte nette de –1,19 milliard d’euros en mai 2025. Cette baisse fait suite à un retrait de 1,96 milliard d’euros observé en avril, représentant un effondrement de plus de 3 milliards en deux mois, selon les informations recueillies.
Ce phénomène peut être largement attribué aux vérifications annuelles des éligibilités opérées par les banques. « Les revenus pris en compte pour 2025 sont ceux de 2023, qui a connu des augmentations salariales significatives, notamment du Smic », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne, lors d’une interview avec Investir. Ainsi, de nombreux titulaires ont perdu leur droit au LEP, ce qui a conduit à des fermetures massives de comptes.
De plus, le taux d’intérêt du LEP a été réduit de 4 % à 3,5 % au 1er février 2025, une mesure qui n’a pas réussi à retenir les épargnants éligibles. En parallèle, les ménages semblent rediriger leurs avoirs vers des produits offrant de meilleures perspectives.
Une réorganisation de l’épargne qui commence à se dessiner
Les chiffres de mai 2025 indiquent une dynamique en deux temps. D’une part, le Livret A et le LDDS continuent de bénéficier de leur sécurité et de leur accessibilité. D’autre part, le LEP fait face à un retournement dramatique, davantage influencé par les règles d’éligibilité que par le comportement des épargnants eux-mêmes.
Tous ces mouvements témoignent d’un réajustement progressif des fonds : l’épargne de précaution demeure importante, mais elle se réorganise sous la pression des contraintes fiscales et des dynamiques de rendement. Cette tendance devrait se poursuivre pendant l’été 2025, où les dépenses liées aux vacances estivales et une baisse anticipée des taux d’intérêt du Livret A et du LDDS sont attendues, dans un contexte de ralentissement de l’inflation en France.