Le 26 août 2025, Donald Trump a annoncé qu’il avait démis de ses fonctions la gouverneure de la Réserve fédérale Lisa Cook, avec effet immédiat. La Maison Blanche invoque des irrégularités liées à deux prêts immobiliers contractés en 2021. Toutefois, cette décision soulève des interrogations sur l’équilibre des pouvoirs monétaires aux États-Unis, rapporte TopTribune.
Le licenciement de Lisa Cook : une décision présidentielle sans précédent
Jamais auparavant un président américain n’avait entrepris de révoquer un membre de la Réserve fédérale. En se basant sur la clause « pour cause » du Federal Reserve Act, Donald Trump estime avoir une légitimité pour écarter Lisa Cook. Dans sa lettre de licenciement, il évoque « des raisons suffisantes pour vous retirer de votre fonction », en faisant référence à des allégations de fausses déclarations liées à des prêts immobiliers souscrits dans le Michigan et en Géorgie, comme l’a rapporté Reuters.
Lisa Cook, reconnue pour ses recherches sur la productivité et la diversité économique, a immédiatement contesté la légitimité de cette décision. « Le président Trump prétend m’avoir renvoyée “pour cause” alors qu’il n’existe aucune justification légale, et il n’a aucun pouvoir pour le faire. Je ne démissionnerai pas », a-t-elle déclaré dans un communiqué relayé par AP News. Son équipe juridique, dirigée par Abbe Lowell, a déjà prévu un recours judicieux.
L’intervention de Trump dans les affaires de la Fed
Les réactions politiques ont été immédiates. Du côté des démocrates, l’indignation est manifeste. La sénatrice Elizabeth Warren a qualifié cette action de « coup de force autoritaire violant ouvertement le Federal Reserve Act ». Plusieurs législateurs ont appelé à une intervention judiciaire pour rétablir l’ordre institutionnel.
Cette démarche fait partie d’une stratégie plus large mise en œuvre par Donald Trump pour renforcer son influence sur la politique monétaire. Critique des décisions de la Fed concernant les taux d’intérêt, il a intensifié les pressions sur la banque centrale depuis son retour à la Maison Blanche. Le licenciement de Lisa Cook, proche des positions modérées au sein du conseil, est perçu comme une tentative de remodeler la gouvernance et d’orienter plus directement la politique monétaire.
La communauté financière observe avec inquiétude cette dernière évolution. Julia Coronado, ancienne économiste à la Fed, a déclaré que cette initiative est « extrêmement dangereuse pour la stabilité financière des États-Unis et des marchés mondiaux », selon MarketWatch. Les banques centrales étrangères, en particulier en Asie, surveillent attentivement cette crise, conscientes du rôle central du dollar dans le système monétaire international.
Réactions sur les marchés : recul du dollar et intérêt pour l’or
Les marchés financiers ont réagi rapidement. L’indice du dollar (DXY) a chuté de 0,3 %, chutant à 98,187 points et annulant ainsi sa progression récente. L’euro a gagné du terrain à 1,1650 EUR/USD, tandis que le yen s’est apprécié à environ 147,18 USD/JPY. Cette volatilité reflète l’incertitude quant à l’avenir de la politique monétaire américaine.
Simultanément, les investisseurs se sont tournés vers l’or. Le prix du métal précieux a atteint 3 371,28 dollars l’once, un sommet atteint depuis deux semaines, tandis que les contrats à terme de décembre ont été négociés à 3 418,90 dollars. Les flux vers les fonds adossés à l’or corroborent cette tendance défensive, le SPDR Gold Trust ayant enregistré une hausse de ses encours à 958,49 tonnes.
Le licenciement de Lisa Cook pourrait potentiellement compromettre l’indépendance perçue de la FED. Historiquement, la banque centrale américaine a été vue comme un pilier institutionnel garantissant la stabilité de la monnaie et la crédibilité du dollar. Si les tribunaux venaient à valider la décision de Trump, cela établirait un précédent : tout président pourrait invoquer des motifs contestables pour modifier la composition du conseil.