Des frappes aériennes israéliennes font des victimes en dépit d’un cessez-le-feu fragile
Au lendemain du cessez-le-feu de Gaza, des frappes aériennes israéliennes ont fait au moins 70 blessés à l’hôpital Al Aqsa, selon des informations confirmées par Médecins Sans Frontières (MSF). Des patients touchés par des explosions ont également été traités à l’hôpital Nasser, ainsi qu’à un des hôpitaux de campagne de MSF à Deir al Balah. Le département de la sécurité et de la sûreté des Nations Unies a identifié au moins cinq zones touchées par des frappes dans la bande de Gaza, rapporte TopTribune.
Ces attaques surviennent moins de deux semaines après que le gouvernement israélien et le Hamas ont convenu de suspendre les hostilités et de procéder à des échanges de prisonniers. Cette escalade a choqué le personnel médical de MSF sur place, qui redoute un retour à la violence meurtrière ayant causé la mort de presque 70 000 Palestiniens et plus de 140 000 blessés ces deux dernières années, selon le ministère de la santé de Gaza.
Simultanément aux bombardements, un échange acerbe d’accusations et de démentis a eu lieu. En l’espace de 24 heures, Israël a successivement annulé et rétabli sa décision de fermer le point de passage de Rafah, qui reste actuellement fermé. Les passages de Kerem Shalom et Kissufim ont été rouverts, mais la situation humanitaire à Rafah demeure critique.
La menace principale à Gaza aujourd’hui réside dans le besoin urgent d’aide humanitaire. Bien que le cessez-le-feu soit indispensable pour éviter de nouveaux morts, l’acheminement de l’aide pour les deux millions d’habitants de Gaza est vital. Actuellement, seulement 750 tonnes métriques de nourriture pénètrent chaque jour à Gaza, un chiffre bien en deçà de l’objectif de 2 000 tonnes fixé par le Programme alimentaire mondial. La condition de l’arrivée de cette aide est non seulement illégale mais aussi cynique et inhumaine, portant atteinte à notre humanité collective.
Le coût de cette situation est élevé. Les ravages des deux dernières années sont accablants. Des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie, beaucoup d’autres sont blessées ou handicapées de façon permanente. Plus de 90 % des habitations à Gaza sont endommagées ou détruites, laissant de nombreuses familles sans abri, contraintes de vivre dans des écoles ou dans des structures temporaires, souvent bondées.
Le système de santé de Gaza, presque totalement effondré, ne fonctionne qu’en tant que réseau de recours derniers. Sur les 36 hôpitaux publics, seuls 14 sont ouverts, aucun ne fonctionne normalement. Les hôpitaux de campagne gérés par des ONG offrent un soutien limité mais ne peuvent pas compenser la destruction des infrastructures de santé. Plus de 1 700 professionnels de santé ont été tués, et Gaza demeure le contexte le plus dangereux pour les travailleurs humanitaires.
Des milliers de patients sont en attente d’évacuation médicale, mais les retards de bureaucratie empêchent souvent leur transfert. Pendant ce temps, des restrictions continuent d’entraver l’acheminement des biens essentiels, exacerbant la crise humanitaire en cours. Les aides sont souvent retardées en raison de la nécessité d’approbations individuelles pour chaque importation, ce qui est insoutenable et incompatible avec l’ampleur des besoins des populations. Les droits à l’aide humanitaire ne devraient pas être conditionnels à des garanties de sécurité ou à des accords politiques, car cela coûte des vies.