« L’immigration dégrade les comptes publics. » Cette assertion provient de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), dans une note diffusée récemment. L’immigration est-elle donc plus onéreuse qu’elle ne rapporte à la France ?, rapporte TopTribune.
L’Observatoire précise que « les recettes fiscales générées par les immigrés ne couvrent que 86 % des dépenses publiques qui leur sont allouées. » Pour soutenir son propos, il avance également que les immigrés sont « moins employés que les natifs » et « tendent à diminuer la productivité, en raison de leur niveau de qualification souvent inférieur. » De plus, il note qu’ils sont moins présents dans le secteur industriel.
Cependant, cette analyse a été contestée sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont souligné la discordance avec de multiples études antérieures.
FAKE OFF
Certains commentateurs qualifient l’OID d’« institut sans légitimité scientifique, financé par un milliardaire d’extrême droite, qui publie des études biaisées pour contredire les recherches existantes et influencer l’opinion publique à l’approche de 2027. »
Cette assertion mérite réflexion. Effectivement, l’Observatoire est associé à la mouvance d’extrême droite, son conseil scientifique comprenant des figures telles que Xavier Driencourt, ancien ambassadeur en Algérie, et Pierre Brochand, ancien directeur de la DGSE, tous deux proches de personnalités controversées.
En dehors de ces affiliations, les travaux de l’OID font l’objet de critiques continues quant à leur rigueur scientifique. Le média Blast a rapporté les propos du démographe Patrick Simon, qui a fait remarquer qu’aucun des membres de cet observatoire n’est véritablement un expert reconnu dans le domaine de la démographie ou de l’immigration, à l’exception d’un seul chercheur aux opinions anti-immigration marquées.
Effets positifs et défis d’intégration
Les données présentées par le think tank semblent donc contestables. Leur méthodologie economique n’est pas conforme aux standards acceptés par des institutions reconnues telles que le CEPII, l’OCDE, et France Stratégie.
Il est crucial de noter que cette analyse occulte les impacts positifs à long terme de l’immigration, en négligeant des obstacles potentiels à l’intégration, tels que la langue et la validation des diplômes. De plus, l’étude amalgamait les immigrés, les Français nés à l’étranger et les descendants de migrants, sans faire de distinction entre l’immigration récente et ancienne, ce qui complexifie l’interprétation des résultats.
Les dépenses publiques largement compensées
Un certain nombre d’études soutiennent un point de vue contraire aux conclusions de l’OID, indiquant que l’immigration a un effet neutre ou même bénéfique sur l’économie française. Selon le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), l’immigration a, ces dernières années, eu un impact non significatif sur les finances publiques. La contribution nette des immigrés oscillerait entre -0,5 % et +0,05 % du PIB.
De surcroît, « les taxes acquittées par les immigrés couvrent largement les dépenses publiques qui leur sont attribuées », ce qui contredit fortement les affirmations de l’OID.
L’OCDE va même plus loin, évaluant la contribution nette des immigrés à +1,02 % du PIB en France pour l’année 2018. Enfin, selon France Stratégie, l’effet de l’immigration sur les salaires et l’emploi des natifs est qualifié de « faible ou neutre ». Le constat d’un différentiel d’emploi est avéré mais insuffisant pour engendrer des pertes macroéconomiques significatives.
En conclusion, la récente note de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie ne saurait être considérée comme une référence fiable pour apprécier l’impact de l’immigration sur l’économie française. Elle semble davantage servir d’outil de communication que d’analyse objective.