Liberté de la presse : Reporters sans frontières pointe une "dégradation inquiétante" aux Etats-Unis
Liberté de la presse : Reporters sans frontières pointe une "dégradation inquiétante" aux Etats-Unis

Liberté de la presse : Reporters sans frontières pointe une « dégradation inquiétante » aux Etats-Unis

02.05.2025 11:02
2 min de lecture

La situation s’est aggravée depuis l’investiture en janvier de Donald Trump, auteur d' »attaques quotidiennes » contre la presse. RSF s’inquiète aussi d’une « fragilisation économique » des médias dans le monde entier.

Le bâtiment de Voice of America, démantelé par l'administration Trump, à Washington, aux Etats-Unis, le 2 mai 2025. (ANDREW THOMAS / NURPHOTO / AFP)
Le bâtiment de Voice of America, démantelé par l’administration Trump, à Washington, aux Etats-Unis, le 2 mai 2025. (ANDREW THOMAS / NURPHOTO / AFP)

Alors que Donald Trump dit « étudier de près » une action en justice contre le New York Times, Reporters sans frontières (RSF) estime que le retour au pouvoir du républicain a entraîné une « dégradation inquiétante de la liberté de la presse aux Etats-Unis ». Le pays perd deux places, se retrouvant en 57e position sur 180, dans le classement annuel par pays publié vendredi 2 mai par RSF. 

« La situation n’était déjà pas reluisante » aux Etats-Unis, rétrogradés de dix places en 2024, concède auprès de l’AFP la directrice éditoriale de RSF, Anne Bocandé. Mais elle s’est encore aggravée depuis l’investiture en janvier du président américain, auteur d’« attaques quotidiennes » contre la presse. « Son administration a politisé les institutions, réduit le soutien aux médias indépendants et marginalisé les journalistes », soumis à une « hostilité croissante », tandis que la « confiance dans les médias s’effondre », résume l’ONG.

« La liberté de la presse n’est plus un acquis aux Etats-Unis »

Donald Trump a également initié le démantèlement des médias publics américains à l’étranger, comme Voice of America, privant « plus de 400 millions de personnes » d’un « accès à une information fiable », selon RSF. « Le gel des fonds d’aide internationale », via l’Agence américaine de développement USAID, a en outre « plongé des centaines de médias dans une instabilité économique critique » et contraint certains « à la fermeture, notamment en Ukraine »« La liberté de la presse n’est plus un acquis aux Etats-Unis », constatait également plus tôt cette semaine le Comité pour la protection des journalistes, dans un rapport sur les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump.

Parallèlement, de « vastes déserts de l’information » se créent aux Etats-Unis avec la disparition de nombreux titres locaux en proie à des difficultés financières. Ces « pressions économiques », moins visibles que les exactions physiques contre les journalistes, constituent une « entrave majeure » à la liberté de la presse, insiste RSF.

Une concentration économique des médias en France

Cette « fragilisation économique constitue l’une des principales menaces pour la liberté de la presse » dans le reste du monde, alerte RSF. La France perd quatre places par rapport à 2024 et se situe 25e dans un classement dominé par la Norvège, l’Estonie et les Pays-Bas. Plus généralement, l’économie du secteur est « mise à mal » par les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), dont les plateformes, « largement non régulées, captent une part croissante des revenus publicitaires » et participent à « la prolifération de contenus manipulés ou trompeurs ».

La liberté d’informer est aussi « de plus en plus entravée par des conditions de financement opaques ou arbitraires », pointe RSF. Ainsi, en France (25e, -4), une « part significative de la presse nationale est contrôlée par quelques grandes fortunes », relève l’ONG, s’interrogeant sur « l’indépendance réelle des rédactions » « Il y a dix grandes fortunes », dont celle de Vincent Bolloré, « qui se partagent une vingtaine de titres de presse et ça représente 80% à peu près de la diffusion des quotidiens et 95% des hebdomadaires nationaux généralistes », illustre Thibaud Brutin, secrétaire général de RSF, sur France inter.

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