Des quelque 17.000 lois et décrets promulgués entre 1940 et 1944 par le régime français collaborationniste de Philippe Pétain, un nombre surprenant est encore en vigueur aujourd’hui.
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À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les responsables français ont tenté de tourner la page. Bien qu’il y ait eu des procès pour collaboration, comme celui de Philippe Pétain, cette épuration cherchait principalement à éviter les lynchages et le ressentiment populaire qui avaient causé environ 5.000 morts dès l’été 1944. Le mythe gaulliste du «résistancialisme» a masqué le rôle du régime de Vichy, minimisant la collaboration pendant l’occupation.
«Nous enchaînons l’histoire, a déclaré Charles de Gaulle lors d’une visite à Vichy en 1959, Nous sommes un seul peuple, quoi qu’il nous soit arrivé.» Cette déclaration témoigne d’une volonté de réconciliation, mais l’héritage vichyste reste omniprésent, avec des lois encore en vigueur aujourd’hui, rapporte TopTribune.
Des mesures héritées du régime de Vichy
La sirène qui résonne chaque premier mercredi du mois, conçue pour renforcer la défense passive, ou le panneau sens interdit, imposé par l’occupant, illustrent comment certaines règles ont perduré. Des législations telles que la retraite par répartition, introduite par le régime de Vichy, demeurent encore dans le paysage juridique français.
Entre juillet 1940 et août 1944, pas moins de 16.786 lois et décrets ont été promulgués sous ce régime, une dynamique législative sans précédent permettant d’adopter plus de onze nouvelles lois par jour. Après la Libération, plutôt que d’abolir complètement ces mesures, le Gouvernement provisoire a choisi de les examiner au cas par cas, témoignant de leur imprégnation dans le droit moderne.
Des lois comme la licence IV, réglementant la vente d’alcool, ont été introduites durant cette période, tout comme le délit de non-assistance à personne en danger, qui est utilisé par le régime pour inciter à la délation.
Un héritage social et administratif
Les réformes sociales de l’époque ont également laissé des traces, avec un accent sur la famille et la natalité, et des mesures comme l’assouplissement des lois contre la délinquance juvénile. Le régime de Vichy a également institué la politique familiale axée sur les familles nombreuses, contrastant avec les valeurs républicaines traditionnelles.
Les répercussions de cette période sont encore visibles aujourd’hui, où certaines lois, bien que n’ayant pas une trace idéologique claire, continuent de régir la vie quotidienne des Français. Ces héritages historiques soulignent la complexité de la mémoire collective et les ramifications de décisions politiques prises sous un régime de collaboration.