Des agriculteurs de la Gironde se tournent vers la culture du chanvre comme alternative prometteuse alors que la région subit des pertes importantes dans son vignoble. Le jeudi 20 octobre 2025, une quinzaine d’entre eux se sont réunis à Chamadelle, dans le Libournais, pour découvrir cette culture encore peu répandue, mais qui pourrait jouer un rôle crucial dans leur diversification. Alors que 8000 hectares de vignes sont arrachés dans le vignoble bordelais, la robustesse du chanvre attire l’attention, rapporte TopTribune.
Jérôme Grugier, agriculteur à Chamadelle, s’est exprimé sur les résultats encourageants de sa parcelle de chanvre. “Je pensais que la chaleur aurait fait plus de dégâts”, a-t-il déclaré, précisant que cette plante est peu exigeante en eau et peu affectée par les nuisibles. En tant que membre de l’association chanvre du Libournais, fondée en 2024, il souligne également l’avantage du chanvre pour décompacter les sols, ce qui en fait une option de culture attrayante.
150 hectares d’ici cinq ans
En raison de certaines restrictions sanitaires, la culture du chanvre doit être soumise à une rotation tous les cinq ans. Grugier, qui pratique déjà la viticulture et l’élevage, estime que cela lui permettra de diversifier ses cultures. Actuellement, l’association récolte 10 hectares de chanvre plantés. En se regroupant, les membres ont réussi à acquérir une moissonneuse pour ces cultures.
Les ambitions ne s’arrêtent pas là. Pour l’année prochaine, l’association prévoit d’augmenter la surface cultivée à 25 hectares, avec un objectif de 100 hectares d’ici cinq ans. Annabel Garçon, technicienne de la chambre d’agriculture, insiste sur le fait que pour établir une chanvrière ou une unité de défibrage, il est nécessaire d’atteindre cette superficie. L’intérêt croissant pour les fibres de chanvre, particulièrement respectueuses de l’environnement, s’est particulièrement renforcé dans les filières du bâtiment.
Vers de nouveaux débouchés
Fabienne Krier, présidente de l’association, confirme que les marchés existent et sont très motivants pour les agriculteurs. “Le chanvre mellois, spécialisé dans les matériaux d’isolation, peine à satisfaire son carnet de commandes, ce qui témoigne d’une demande réelle sur le marché”, a-t-elle indiqué. Les agriculteurs espèrent pouvoir répondre à cette demande croissante dès qu’ils seront prêts.
Cependant, des défis subsistent. L’association doit encore déterminer quelles variétés de chanvre s’adaptent le mieux aux conditions du sol girondin et perfectionner les techniques de récolte. Chaque membre de l’association a également contribué financièrement à l’achat des machines nécessaires à la récolte, renforçant ainsi leur engagement dans ce projet collectif.
Fabienne Krier met en lumière la nécessité d’évoluer dans le secteur agricole : “L’agriculture est en train de prendre un virage, et nous devons tous envisager d’autres cultures.” Cette transition est perçue comme une aventure humaine et une chance d’innovation face aux défis contemporains. Annabel Garçon souligne que le chanvre, même s’il n’est pas une solution miracle, pourrait représenter un atout important pour que la région girondine surmonte la crise du vin actuelle.
Au-delà de ces développements locaux, la culture du chanvre est de plus en plus valorisée dans d’autres régions françaises, où ses applications diverses, allant de l’isolation à l’alimentation, promettent de stimuler l’économie agricole. Alors que le monde de l’agriculture évolue, l’introduction du chanvre pourrait bien être une voie essentielle pour la durabilité et l’innovation dans un secteur face à des enjeux de sécurité alimentaire et environnementale.