Les vagues de chaleur mettent à mal les écoles, tandis que l'État retarde les rénovations nécessaires.

Les vagues de chaleur mettent à mal les écoles, tandis que l’État retarde les rénovations nécessaires.

03.07.2025 07:04
4 min de lecture

Alors que plus de 2.000 établissements scolaires en France ont récemment été fermés en raison de la canicule – précisément 2.213 – de nombreuses interrogations hantent les parents dont les enfants souffrent dans le silence ou sont contraints de rester chez eux : l’école française est-elle préparée à affronter de telles températures élevées ? Quelles mesures sont prises pour assurer la protection des élèves ? Et surtout, quelle réponse apporte l’État ?

Jusqu’à récemment, cette question ne se posait guère. Les épisodes de canicule se produisaient principalement en juillet et août, période de fermeture des établissements scolaires. Les bâtiments étaient construits sans tenir compte des impératifs climatiques, du moins en ce qui concerne la chaleur estivale. Néanmoins, les événements climatiques se prolonge désormais davantage, débutant dès le mois de juin et s’étendant jusqu’en septembre, déclare Alexandre Florentin, élu Les Écologistes au Conseil de Paris, qui a conduit la mission « Paris à 50 °C ». Ces vagues de chaleur pourraient même commencer dès mai et se prolonger jusqu’en octobre d’ici 2100, rapporte TopTribune.

Des alertes persistantes

Bien avant que la France ne se retrouve étranglée par la chaleur pendant une partie significative de l’année, les écoles telles que nous les connaissons deviendront pratiquement inutilisables. Selon les prévisions de l’entreprise de conseil en environnement Ecoact, d’ici 2030, plus de 7.000 écoles maternelles seront confrontées à des vagues de chaleur supérieures à 35 °C. Ce phénomène aura des répercussions immédiates sur les capacités d’apprentissage, car il a été établi qu’au-delà de 28 degrés, leur efficacité décline.

Quelles mesures les établissements scolaires prennent-ils face à ce défi climatique ? Les recommandations du Ministère de l’Éducation nationale, diffusées le 29 juin dernier par le biais d’un communiqué, ont suscité des rires amers parmi les acteurs éducatifs : « Utiliser, dans la mesure du possible, des salles à l’ombre pour les épreuves », « Fermer les volets et rideaux des façades les plus exposées au soleil durant toute la journée », « Maintenir les fenêtres fermées tant que la température extérieure excède celle à l’intérieur », etc. Aurélie Gagnier, porte-parole du FSU-SNUipp, syndicat du premier degré, s’est exprimée en ces termes : « Tout ce qui est recommandé est déjà appliqué par le personnel. Ce communiqué ne fait que réitérer des mesures évidentes. Nous sommes en colère. »

Les syndicats éprouvent une amertume face à ces annonces car ils sonnent l’alerte depuis des années, sans voir le ministère réellement se mobiliser sur ces enjeux cruciaux. En 2019, ils avaient averti Jean-Michel Blanquer, l’ancien ministre, en lui demandant de poser des volets, de veiller à l’installation de points d’eau et de favoriser la végétalisation. Cependant, après six ans, très peu de changements ont eu lieu, constate Aurélie Gagnier.

Des investissements nécessaires

Pour de nombreuses écoles, il est désormais impossible d’aérer les bâtiments la nuit, comme le feraient la plupart des gens, en raison d’un personnel insuffisant et du risque élevé d’intrusions. Beaucoup d’établissements présentent des caractéristiques thermiques très défavorables, agissant comme des fournaises en été. « J’ai déjà mesuré 44 degrés en septembre dans une école », raconte Alexandre Florentin. Le programme de recherche-action « Racine » a quant à lui rapporté que la température atteignait 37 degrés dans certains établissements. Et nous ne sommes qu’en 2025.

Pour prévenir des fermetures massives, il est impératif de procéder à des rénovations. Le syndicat Sud Éducation réclame un « plan national de rénovation énergétique et écologique des bâtiments scolaires publics », estimant qu’un effort financier de 50 milliards d’euros est nécessaire, un chiffre basé sur un rapport de 2023 relatif à l’adaptation des infrastructures scolaires face aux défis climatiques. Ce montant ne couvre que le premier degré, et les besoins financiers totaux risquent d’être largement supérieurs aux 52 milliards d’euros initialement avancés.

La climatisation incontournable

Parmi les villes qui se démarquent par leurs efforts de rénovation thermique figure Paris, qui multiplie les projets de cours oasis, visant à accroître la verdure, à optimiser la gestion des eaux pluviales et à installer des points d’eau. Les écoles bénéficient donc de rénovation, parfois avec le relogement temporaire des enfants. Le travail sur le parc scolaire est au cœur de la mission « Paris à 50 degrés », qui prône une réduction maximale des surfaces imperméables en intégrant des espaces verts. « Paris est l’une des rares collectivités en France à respecter les engagements des accords de Paris, avec pour objectif de rénover d’ici 2050 », souligne Alexandre Florentin.

Cependant, d’ici 2050, toutes les écoles parisiennes seront soumises à des vagues de chaleur dépassant 35 degrés. D’autres villes, en revanche, ne avancent pas au même rythme en matière de rénovation. Ainsi, il semble peu probable qu’à court ou moyen terme, les établissements scolaires du pays puissent se passer de climatisation. Cette situation engendre de sérieux questionnements quant aux conséquences, en particulier si deux fois plus de climatiseurs sont installés à Paris d’ici 2030, ce qui pourrait contribuer à élever la température ambiante de 0,5 à 3 degrés supplémentaires.

Des restrictions budgétaires alarmantes

On pourrait espérer atténuer cet impact en augmentant la cadence des rénovations énergétiques des écoles, mais cela ne semble pas être la voie choisie par l’État, qui a réduit de manière significative le budget alloué au plan de réhabilitation des écoles présenté en 2023 par Emmanuel Macron, signalent les membres de Sud Éducation, prévoyant la rénovation de 40.000 établissements. Le Fonds Vert, destiné à soutenir les collectivités dans ces efforts, a été réduit de moitié cette année. Malgré tout, 5.000 écoles ont tout de même été rénovées depuis le début de ce plan, a informé la ministre de la Transition écologique le 1er juillet.

« C’est une question d’intérêt national, mais cela ne semble pas susciter l’attention des différents ministres successifs », déplore Alexandre Florentin. Depuis 2003, des mesures ont été mises en place pour protéger les personnes âgées, avec des systèmes de climatisation dans les Ehpad, des protocoles et des équipes renforcées durant l’été. Cependant, il n’existe pas d’équivalent dans l’Éducation nationale. Les enfants en bas âge et les femmes enceintes sont les prochaines populations à souffrir. « Nous faisons grandir nos enfants dans des conditions que nous jugerions inadmissibles pour travailler », conclut-il.

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