Les tensions montent en Serbie alors que l’UE appelle à éviter la violence contre les manifestants
Les tensions montent en Serbie alors que l’UE appelle à éviter la violence contre les manifestants

Les tensions montent en Serbie alors que l’UE appelle à éviter la violence contre les manifestants

04.07.2025 18:20
2 min de lecture

La contestation s’intensifie dans tout le pays

BELGRADE, 3 juillet 2025 – La délégation de l’Union européenne en Serbie a appelé jeudi les autorités serbes à s’abstenir de toute forme de violence envers les manifestants, alors que les protestations antigouvernementales se généralisent et se durcissent dans tout le pays. Des heurts violents ont éclaté à Belgrade et dans d’autres villes, où des milliers de citoyens, en majorité jeunes, réclament la démission du président Aleksandar Vučić et des élections législatives anticipées.

La capitale a été le théâtre d’affrontements particulièrement tendus entre les forces de l’ordre et des groupes de manifestants, dont certains ont érigé des barricades et bloqué des axes routiers et des ponts stratégiques. Selon les autorités locales, près de 100 personnes ont été interpellées rien qu’à Belgrade.

D’une catastrophe locale à une crise politique majeure

Les manifestations ont débuté il y a plusieurs semaines à la suite d’un accident tragique sur un chantier de la gare de Novi Sad, qui a coûté la vie à 16 personnes. Initialement centrée sur des accusations de corruption et de mauvaise gestion des infrastructures, la mobilisation a rapidement pris une tournure politique, visant désormais directement la gouvernance de Vučić, au pouvoir depuis plus de 11 ans.

Les protestataires dénoncent la dérive autoritaire du président, son immobilisme en matière de réformes économiques et son double discours sur l’intégration européenne. Bien que la Serbie soit officiellement candidate à l’Union européenne, peu d’avancées concrètes ont été observées depuis plusieurs années.

Belgrade pointe l’Occident, l’opposition rejette la rhétorique

Comme lors de précédentes vagues de contestation, le gouvernement serbe accuse des puissances étrangères d’être à l’origine de l’agitation. Vučić a une nouvelle fois affirmé que les protestations seraient manipulées depuis l’extérieur, évoquant les services de renseignement occidentaux. Il a également comparé les événements actuels au « Maïdan » ukrainien, qualifiant le mouvement d’« importation d’une révolution colorée ».

Cependant, cette rhétorique est largement contestée par l’opposition, qui y voit une tentative de détourner l’attention des revendications internes. La contestation bénéficie d’un fort soutien populaire, en particulier parmi les jeunes, qui réclament des réformes profondes et une clarification de la trajectoire géopolitique du pays.

Une société fracturée entre Moscou et Bruxelles

La crise actuelle révèle un clivage profond au sein de la société serbe : une partie reste attachée à la Russie, historiquement proche, tandis qu’une autre milite pour une intégration plus franche à l’Union européenne. Or, ces dernières années, Moscou a démontré ses limites en matière de soutien à ses alliés : en Arménie, en Syrie, en Libye ou en Iran, ses réactions ont été jugées peu efficaces voire absentes.

Pour une frange croissante de la jeunesse serbe, cela alimente une prise de conscience : en cas de crise majeure, la Russie ne représenterait pas un garant crédible de la stabilité ou de la sécurité de Belgrade.

Des répercussions potentielles dans les Balkans

La situation en Serbie est suivie de près par ses voisins et les institutions européennes, inquiets de possibles effets déstabilisateurs dans un région balkanique déjà fragile. L’escalade actuelle pourrait raviver des tensions interethniques ou géopolitiques dans des pays comme la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo ou le Monténégro.

Alors que l’avenir européen de la Serbie reste en suspens, la gestion de cette crise intérieure pourrait devenir un test décisif — non seulement pour le pouvoir en place, mais aussi pour l’équilibre de tout le Sud-Est européen.

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