Les Pirates tchèques veulent taxer massivement les Russes non-résidents
Les Pirates tchèques veulent taxer massivement les Russes non-résidents

Les Pirates tchèques veulent taxer massivement les Russes non-résidents

04.09.2025 17:10
2 min de lecture

Le 2 septembre 2025, le Parti pirate tchèque, inspiré par la formation suédoise du même nom et centré sur la protection des libertés civiles, a dévoilé une proposition électorale visant à augmenter drastiquement la fiscalité immobilière pour les citoyens des pays jugés hostiles. La mesure la plus marquante consisterait à multiplier par 68 l’impôt foncier appliqué aux Russes non-résidents, un chiffre symbolisant l’année 1968, lorsque l’armée soviétique a écrasé le mouvement de la « printemps de Prague » en Tchécoslovaquie. La proposition a été mise en avant dans le cadre de la campagne législative précédant les élections des 3 et 4 octobre prochains.

Objectifs affichés par le Parti pirate

Selon ses représentants, l’initiative répond à deux priorités : garantir un accès au logement pour les citoyens tchèques et accélérer la construction de 200 000 nouveaux logements sur la durée de la prochaine législature. Les Pirates dénoncent une situation « anormale », où de nombreux appartements achetés par des Russes non-résidents restent inoccupés, tandis que les jeunes Tchèques peinent à trouver un logement abordable. Le chef du parti, Zdeněk Hřib, a précisé que l’augmentation d’impôt ne viserait pas les Russes ayant obtenu l’asile politique en République tchèque, mais d’abord ceux inscrits sur la liste des sanctions du ministère des Affaires étrangères. Les Pirates souhaitent également imposer une surtaxe sur les terrains à bâtir non utilisés dans les zones prioritaires de construction.

Réserves des économistes et scepticisme

Plusieurs experts tchèques de l’économie et de l’immobilier ont exprimé de fortes réserves. Ils jugent irréalistes, tant le projet de construction de logements à grande échelle que l’augmentation radicale de l’impôt foncier. Pour eux, il s’agit davantage d’un signal politique destiné à séduire l’électorat qu’une stratégie économiquement viable. L’efficacité réelle de la mesure reste donc sujette à caution.

Contexte des actifs russes en République tchèque

Avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, l’État et les entreprises russes détenaient d’importants actifs en République tchèque : terrains, immeubles, appartements, hôtels et centres d’affaires, notamment à Prague et à Karlovy Vary, ainsi que des comptes bancaires liés à l’entité « Goszagransobstvennost ». En novembre 2023, le gouvernement tchèque avait déjà décidé de geler l’ensemble des avoirs étatiques russes sur son territoire, bloquant les comptes financiers et empêchant toute transaction immobilière. Le ministre des Affaires étrangères Jan Lipavský avait alors affirmé que ces actifs servaient au financement de la guerre contre l’Ukraine, justifiant leur immobilisation dans le cadre d’une tendance européenne visant à utiliser ultérieurement ces fonds pour la reconstruction ukrainienne.

Enjeux électoraux et risques politiques

La position de Prague a jusqu’ici été ferme, refusant toute tolérance envers la présence économique d’un État considéré comme agresseur. Toutefois, le paysage pourrait changer radicalement si les élections législatives voient la victoire de formations populistes, eurosceptiques et prorusses, au premier rang desquelles le mouvement ANO. Dans ce cas, la politique tchèque vis-à-vis des actifs russes et du marché immobilier pourrait connaître un infléchissement notable.

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