Les pays arctiques s’attendent à une intensification des attaques hybrides venues de Russie
Les pays arctiques s’attendent à une intensification des attaques hybrides venues de Russie

Les pays arctiques s’attendent à une intensification des attaques hybrides venues de Russie

17.11.2025 13:30
3 min de lecture

Déplacement des menaces vers le Grand Nord

Le 16 novembre 2025The Financial Times a alerté sur un basculement des risques de guerre hybride du bassin baltique vers l’extrême nord, où l’Arctique devient un nouvel espace de vulnérabilité stratégique. La publication souligne que la création d’un nouveau câble de transmission de données entre le Danemark et le Groenland, ainsi que les discussions engagées par les îles Féroé pour accueillir une ligne similaire, reflètent une volonté de protéger des infrastructures critiques face à d’éventuelles attaques. L’analyse détaillée de ces projets apparaît dans l’examen consacré au risque croissant sur les câbles arctiques, un enjeu devenu central pour les pays nordiques. L’éloignement et la faible densité de population de la région créent un environnement idéal pour des opérations clandestines, plusieurs incidents passés ayant potentiellement échappé à la détection.

Incidents répétés sur les câbles et inquiétudes croissantes

Ces dernières années, plusieurs câbles sous-marins situés en Arctique ou à proximité ont été endommagés, sans identification claire des responsables. Le câble reliant les Shetland, les Orcades et les Féroé à l’Écosse a subi trois ruptures en 2022 et 2025, perturbant l’accès à Internet sur les îles écossaises. En janvier 2022, un câble desservant l’archipel norvégien du Spitzberg a aussi été sectionné après le passage répété — plus de 140 fois — d’un chalutier russe, comme l’a établi le diffuseur public NRK. Malgré ces éléments, les procureurs ont classé l’affaire. Aaja Chemnitz, députée danoise représentant le Groenland, rappelle que le vaste territoire arctique ne disposait que de deux connexions — vers le Canada et l’Islande — avant l’arrivée d’un nouveau lien avec le Danemark. Selon elle, multiplier les liaisons est essentiel pour garantir la continuité numérique en cas de sabotage. Parallèlement, Copenhague a annoncé le mois dernier un investissement de 8,7 milliards de dollars dans des F-35 et le renforcement de la sécurité arctique, signe d’une prise de conscience stratégique plus large.

La Russie et la Chine exploitent les failles d’un espace sous-protégé

La montée des tensions reflète l’importance croissante de l’Arctique sur le plan géopolitique, énergétique et technologique. Le contrôle des routes maritimes, des ressources naturelles et des infrastructures numériques y constitue un enjeu majeur. Moscou utilise la région comme un terrain d’essai pour ses opérations hybrides : dommages intentionnels potentiels sur des câbles, surveillance par des navires civils servant de couverture et manœuvres destinées à sonder la réaction occidentale. Ces tactiques permettent au Kremlin de créer des crises locales et de démontrer sa capacité à mener des attaques asymétriques loin des zones de conflit traditionnelles. Pékin joue également un rôle actif, développant des projets logistiques et scientifiques dans le cadre du « Portail de la Route de la soie polaire ». Ses investissements servent autant des objectifs économiques que des stratégies d’influence, notamment par la collecte de données et l’installation de capacités technologiques duales.

Renforcer la résilience face aux menaces hybrides dans le Grand Nord

Face à ces risques, les pays de l’Arctique et de l’OTAN doivent adapter leurs mécanismes de défense. Les opérations de surveillance menées par des navires civils exigent une coordination accrue entre armées, services de renseignement et autorités civiles. Les sanctions européennes, nord-américaines et canadiennes devraient cibler non seulement les entreprises russes impliquées dans des activités douteuses, mais aussi les navires identifiés sur des trajectoires suspectes. Les experts recommandent également la conclusion d’accords de secours avec des opérateurs satellitaires afin de maintenir une connectivité stable en cas de sabotage des câbles. Les projets de nouvelles liaisons entre le Danemark, le Groenland et les Féroé s’inscrivent dans cette logique de résilience, réduisant la dépendance technologique tout en renforçant la sécurité régionale. L’Arctique s’impose désormais comme un espace de rivalité stratégique, où les méthodes hybrides de la Russie et de la Chine visent autant à tester la vigilance occidentale qu’à ouvrir de nouveaux fronts de tension.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER