BUCAREST – Trois partis parlementaires roumains extrémistes — AUR, S.O.S. Roumanie et POT — ont contesté lundi devant la Cour constitutionnelle (CCR) les projets de loi adoptés par le parlement qui permettraient au pays d’abattre les drones entrant illégalement dans son espace aérien. Ce recours empêche la promulgation des lois.
Le Sénat, qui est la chambre décisionnelle, a approuvé le 26 février le projet de loi du ministère de la Défense, autorisant l’armée roumaine, ainsi que les forces alliées, d’intercepter et d’abattre les drones ou les aéronefs non autorisés qui pénètrent dans l’espace aérien roumain.
Selon le projet de loi, les moyens militaires des États alliés ou partenaires peuvent également prendre part à ces opérations, conformément aux traités de défense collective dont la Roumanie est signataire, ou dans le cadre d’accords de sécurité bilatéraux.
Face à l’enjeu de cette législation, les trois partis extrémistes du pays n’ont pas exprimé publiquement leur opinion. L’information a été divulguée par l’USR (Renew).
Alors que l’Europe discute du renforcement de la défense de l’UE et de l’Ukraine contre « une menace russe de plus en plus évidente », en Roumanie, l’AUR, le S.O.S. et le POT ont fait appel à la Cour constitutionnelle contre les lois permettant à l’armée roumaine « d’abattre les drones russes qui violent notre espace aérien depuis des mois », a écrit Elena Lasconi, chef de file de l’USR, sur Facebook.
« Ces partis isolationnistes ne se battent pas pour la Roumanie, mais contre elle », a ajouté Elena Lasconi, les accusant de laisser le pays « vulnérable à un moment critique ».
Après le vote du 26 février, les lois auraient dû être promulguées par le président intérimaire Ilie Bolojan. Cependant, la CCR n’examinera que le 27 mars le recours déposé par AUR, S.O.S. et POT — qui avaient voté contre les lois dans les deux chambres parlementaires.
Au cours des débats parlementaires, Dan Tanasă, député de l’AUR, a fait valoir que la législation aurait pour effet de « confier le commandement de la Roumanie à des étrangers ».
De même, le député S.O.S. Dumitru Coarnă a affirmé que la Roumanie n’avait aucun lien avec la Russie. « Nous voulons être neutres », a-t-il soutenu, avertissant que le projet de loi pourrait entraîner le pays dans la guerre.
La Roumanie partage une frontière de près de 650 kilomètres avec l’Ukraine et, depuis l’invasion russe en février 2022, des drones russes ont pénétré à plusieurs reprises dans l’espace aérien roumain. Plusieurs d’entre eux se sont même écrasés sur le territoire roumain, non loin de la frontière avec l’Ukraine.