Les paris sportifs occupent aujourd’hui une place prépondérante dans le monde du sport, intégrant le sponsoring de clubs et fédérations, l’affichage de logos sur les maillots, et une forte présence sur les médias, notamment les réseaux sociaux. Les opérateurs de jeux ont largement investi dans ces espaces pour se faire une place incontournable dans le paysage médiatique, rapporte TopTribune.
Cette offensive marketing semble porter des fruits : le nombre de joueurs impliqués dans les jeux d’argent a bondi de 21 millions en 2022 à 24 millions aujourd’hui, avec 350 000 personnes pariant quotidiennement. Plus alarmant, bien que la législation prohibe certaines pratiques, 20 % des garçons de 17 ans affirment avoir parié au cours de l’année écoulée, contre seulement 2,7 % des filles.
Cibler les plus vulnérables
Les opérateurs de paris en ligne usent de stratégies ciblées et exploitent des mécanismes psychologiques puissants : la promesse d’enrichissement rapide et l’illusion de contrôle sur le hasard grâce aux connaissances sportives. Ce phénomène est préoccupant, car l’exposition à ces pratiques commence très tôt. Des études montrent que des enfants âgés de 8 à 10 ans peuvent déjà citer des marques de paris sportifs et associer des équipes à des opérateurs, rendant normalisé un comportement qui devrait être évité.
Des conséquences dramatiques sur la santé
Tout comme l’alcool et le tabac, la publicité pour les jeux d’argent exerce une influence considérable sur les comportements, notamment parmi les jeunes dont le cerveau, en croissance jusqu’à 25 ans, est particulièrement vulnérable. Les publicités renforcent les biais cognitifs et entretiennent des erreurs de jugement, favorisant ainsi les comportements addictifs.
Deux facteurs exacerbent particulièrement ces risques :
- la précocité du jeu : plus une personne est exposée tôt aux jeux d’argent, plus elle risque de développer une addiction. Les adolescents, attirés par les sensations fortes, n’ont pas encore acquis les mécanismes nécessaires pour modérer leurs comportements.
- la méconnaissance de la valeur de l’argent : un gain initial peut susciter chez l’enfant ou l’adolescent l’illusion que gagner de l’argent est facile. La dématérialisation des transactions en ligne complique encore la perception de l’argent dépensé.
Face à ces enjeux, Addictions France insiste sur la nécessité de ne pas laisser l’industrie se réguler d’elle-même. Cela équivaudrait à « accepter que le jeu continue de ravager les plus vulnérables. Pour protéger les jeunes et les populations à risque, la législation régissant la publicité pour les jeux d’argent doit être révisée selon une approche de santé publique. » Un cadre juridique similaire à la loi Evin sur le tabac et l’alcool est évoqué pour les jeux de hasard.
