Les nazis volent un fragment de la tapisserie de Bayeux

Les nazis volent un fragment de la tapisserie de Bayeux

24.07.2025 20:23
2 min de lecture

L’obsession des nazis pour l’art européen était un élément central du régime génocidaire d’Adolf Hitler et de ses ambitions de domination mondiale. La découverte d’un fragment de la fameuse tapisserie normande dans des archives en Allemagne en est une preuve supplémentaire.

Au début du mois de juillet, l’annonce de l’exposition au British Museum en 2026 de la tapisserie de Bayeux –l’épopée brodée du XIe siècle représentant la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066– a suscité un grand enthousiasme. Cependant, la tapisserie avait déjà fait parler d’elle plus tôt cette année, dans une relative indifférence. En mars 2025, il a été révélé qu’un fragment de la tapisserie de Bayeux avait été découvert en Allemagne, dans les archives du Land du Schleswig-Holstein. Pour comprendre comment ce fragment a pu s’y retrouver, il est nécessaire d’examiner un épisode troublant de l’histoire de la tapisserie : l’opération spéciale Bayeux, un projet mené par l’Ahnenerbe, l’institut de recherche historique rattaché aux SS, rapporte TopTribune.

Le rôle de l’art dans le régime nazi a été démesuré, le régime d’Adolf Hitler se servant de la culture visuelle et matérielle comme d’un outil fondamental dans son projet de domination mondiale. L’Ahnenerbe, sous l’autorité de Heinrich Himmler, avait pour mission d’élaborer et de diffuser des récits historiques soutenant la mythologie nazie, notamment la supériorité de la « race aryenne ». Dans le cadre de cette quête, de nombreuses expéditions ont été réalisées pour rassembler des objets culturels considérés comme des preuves de cette mythologie, le projet Sonderauftrag Bayeux en faisant partie intégrante.

Une étude biaisée au service d’un agenda idéologique

Le projet Sonderauftrag Bayeux visait à créer une étude en plusieurs volumes mettant en avant la tapisserie comme intrinsèquement scandinave, arguant de la supériorité des Normands du haut Moyen Âge. Dès juin 1941, Karl Schlabow, archéologue et directeur de l’Institut du costume germanique, fut envoyé en Normandie pour étudier la tapisserie. Lors de cette mission, il aurait emporté un fragment de tissu de la tapisserie, un acte noté comme controversé, dans la mesure où il s’est vu accusé d’avoir volé ce fragment lors d’un transfert ultérieur, mais il semble bien qu’il l’ait pris durant son séjour en 1941.

Ce fragment, aujourd’hui redécouvert, est chargé de symbolisme. Il témoigne de l’appropriation par le régime nazi d’un héritage culturel qu’ils estimaient leur appartenir – encapsulant une vision biaisée de l’histoire fondée sur des mythes racistes. Malgré son achèvement inachevé, ce projet souligne l’importance que le régime accordait à l’art et à la culture dans son propagande, même si cette manipulation des faits historiques était bien connue.

Un héritage à revoir

La redécouverte d’un fragment de la tapisserie de Bayeux reste un événement exceptionnel; elle met en lumière non seulement un objet historique, mais également les pratiques idéologiques qui entouraient sa collecte. Ce fragment, actuellement exposé dans le Schleswig-Holstein, sera réunifié avec le reste de la tapisserie de Bayeux lors de la réouverture du musée en 2027, marquant ainsi la première fois que les deux parties seront réunies depuis 1941.

Cette trouvaille rappelle que les zones d’ombre du passé méritent d’être éclairées et que la recherche continue de la vérité historique s’avère essentielle à la compréhension des injustices d’hier. L’histoire de cette tapisserie ne se limite pas uniquement à ses dimensions esthétiques, mais ouvre aussi un débat sur l’héritage culturel et la manière dont il a été utilisé pour valider des idéologies destructrices.

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