Les limites planétaires face aux crises environnementales : fiabilité en question selon le PIK

Les limites planétaires face aux crises environnementales : fiabilité en question selon le PIK

28.09.2025 07:33
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Une nouvelle alerte environnementale a été émise : la septième limite planétaire concernant l’acidification des océans a été franchie. Cela résulte des conclusions du dernier bilan annuel de l’Institut de recherche sur le climat de Potsdam (PIK), rendu public cette semaine. Ces limites planétaires, au nombre de neuf, représentent des « processus […] identifiés scientifiquement comme clés dans la régulation de la stabilité, la résilience et la capacité du système Terre à maintenir la vie », décrit le rapport. En somme, ces limites doivent être respectées pour garantir la durabilité et la sécurité de la vie sur notre planète, rapporte TopTribune.

Les neuf limites planétaires ont été introduites par une trentaine de chercheurs dans un article publié en 2009 dans la revue Nature. Ces scientifiques étudient la Terre sous divers angles et mettent en exergue son fonctionnement complexe, où les crises environnementales sont interconnectées. Cette perspective permet d’évaluer ensemble les menaces pesant sur la planète, allant du changement climatique à la perte de biodiversité, en passant par la pollution et le cycle de l’eau.

Des seuils controversés ?

Pour chaque limite établie, les scientifiques ont défini des seuils, souvent chiffrés, au-delà desquels la survie humaine serait compromise. Cependant, ces seuils suscitent des débats au sein de la communauté scientifique. Laurent Bopp, directeur de recherche au CNRS à l’Institut Pierre-Simon-Laplace, affirme que « la manière dont sont définies les limites est largement subjective et pas toujours fondée sur une science solide ».

Concernant l’acidification des océans, Bopp note : « ils ont choisi une valeur qui ne correspond pas à un seuil géophysique, biologique ou écosystémique ». Il souligne que l’acidification avait déjà un impact même avant d’atteindre ce seuil, ce qui remet en question l’interprétation des données. De plus, il met en garde contre le risque que la désignation d’un seuil incite à baisser les efforts, une fois celui-ci franchi : « Si nous dépassons le 1,5 °C de hausse des températures mondiales, l’objectif doit rester de se rapprocher au maximum de cette valeur, plutôt que de chercher des solutions extrêmes pour faire descendre ces températures », prévient-il.

Une nécessité d’urgence

Nathanaël Wallenhorst, chercheur à l’Anthropocene Working Group et auteur de 2049 – Ce que le climat va faire à l’Europe (Ed. Seuil, 2025), considère que ces critiques sont légitimes et essentielles : « Dans les systèmes complexes, il y a toujours une part d’incertitude », explique-t-il. Cette incertitude ne diminue néanmoins pas la gravité du message véhiculé par la notion de limites planétaires. À l’instar de « du lait sur le feu », Wallenhorst illustre que l’on peut ignorer l’éventualité d’un débordement, mais cela est inévitable si la situation perdure. Selon lui, si l’on persiste sur la même trajectoire, la vie humaine en société deviendra intenable, se traduisant par des famines, des pénuries d’eau et un chaos généralisé.

Une prise de conscience nécessaire

Laurent Bopp partage cette préoccupation, tout en reconnaissant l’intérêt de la notion de limites planétaires. Il souligne que « regrouper toutes les grandes crises environnementales sous un même cadre conceptuel est une excellente initiative », alors qu’elles sont souvent perçues de manière isolée. Ce cadre permet également de mettre en lumière des crises moins discutées, comme l’acidification des océans, attirant l’attention sur ses causes et conséquences ainsi que sur d’éventuelles solutions.

Malgré les débats sur les critères et seuils, Wallenhorst conclut que « le modèle des limites planétaires est puissant car il encourage les chercheurs à alerter les sociétés, à montrer l’ampleur du risque et à inciter à l’action ». Il insiste sur l’importance d’une discussion collective pour établir ces limites qui mèneront à des politiques publiques efficaces. En substance, Laurent Boppsemble que« ces limites nécessitent une discussion publique et politique pour aboutir à des lignes directrices et des actions concrètes ».

En somme, la question de l’acidification des océans et les limites planétaires soulèvent des enjeux cruciaux pour l’avenir de notre environnement mondial. Ces discussions sont essentielles pour mobiliser les sociétés autour d’objectifs communs et garantir un avenir durable.

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