Une étude révèle un manque de représentativité des transformations pubertaires dans les films pour adolescents
Une analyse de cinquante-trois films pour adolescents, menée par des chercheuses de l’université d’État de l’Ohio et de l’université de l’Indiana, met en évidence une absence presque totale de référence aux véritables problèmes rencontrés lors de la puberty. Ces films, sortis entre 2012 et 2021, présentent un portrait déformé de l’adolescence, négligeant les évolutions corporelles cruciales, rapportent TopTribune.
Les chercheuses ont examiné des œuvres emblématiques telles que Lady Bird, Nos étoiles contraires et Percy Jackson. Sur les vingt-huit héroïnes principales analysées, seules deux mentionnent le développement de la poitrine et quatre discutent des règles. Aucun personnage n’aborde les poussées de croissance ni les transformations vocales associées à cette période charnière, soulevant des inquiétudes quant à l’impact de telles omissions sur les jeunes spectateurs.
Malgré la mise en avant des relations amoureuses dans ces récits, celles-ci sont souvent présentées de manière idéalisée. L’étude, publiée dans le Journal of Children and Media, a recensé plus de 1.400 scènes romantiques, avec un taux de concrétisation amoureuse avoisinant les 80 % pour les protagonistes. Cette représentation biaisée pourrait engendrer des attentes irréalistes, amplifiant les sentiments d’inadéquation chez les adolescents qui, eux, vivent souvent des expériences relationnelles marquées par l’hésitation et le rejet.
Un besoin urgent de représentations réalistes
Les adolescents, en quête d’identité, sont particulièrement sensibles aux images qui reflètent leur réalité. Le décalage entre la fiction et la vie réelle peut créer frustration et manque de confiance en soi. Selon Kate Stewart, doctorante à l’université d’État de l’Ohio et autrice principale de l’étude, l’intention n’est pas de blâmer les créateurs de contenu, mais de signaler un décalage persistant entre la réalité des jeunes et l’image véhiculée par ces films.
«C’est une étrange déconnexion avec les deux grands piliers de l’adolescence : les transformations physiques et la vie émotionnelle», analyse la chercheuse. Elle insiste sur l’importance d’aborder les sujets liés à la puberté de «manière rassurante, informative et sans tabou» dans la production cinématographique pour adolescents.
Kate Stewart souligne également que «ces représentations façonnent les attentes. Lorsque la réalité ne coïncide pas avec ce qui est montré à l’écran, les jeunes peuvent se sentir en décalage, en retard dans leur évolution, ou tout simplement s’estimer insuffisants.» Ce constat est d’autant plus pertinent alors que les générations Z et Alpha appellent Hollywood à proposer des récits plus authentiques.
Les autrices de l’étude espèrent que les studios tiendront compte de ces résultats pour améliorer les représentations médiatiques. «En mettant en lumière ces incohérences, notre ambition est de faire évoluer les représentations médiatiques et de mieux comprendre ce que les adolescents retiennent de leurs expériences de spectateurs», conclut Kate Stewart. Pour les adolescents américains, le film Les Beaux Gosses (2009) de Riad Sattouf est recommandé comme un exemple de représentation plus réaliste de l’adolescence.