Les entreprises russes au bord de la faillite : un système économique en crise profonde
Les entreprises russes au bord de la faillite : un système économique en crise profonde

Les entreprises russes au bord de la faillite : un système économique en crise profonde

22.06.2025 16:45
3 min de lecture

Lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg le 20 juin 2025, Alexandre Chokhine, président de la RSPP (Union des industriels et entrepreneurs russes), a sonné l’alarme : l’économie russe est au bord d’une crise de la dette majeure. Il a souligné que la longue période de taux d’intérêt élevés a plongé de nombreuses entreprises dans un état de quasi-défaut, mettant en péril l’ensemble du secteur industriel.

Une économie étranglée par les taux d’intérêt et la guerre

Depuis plusieurs années, la banque centrale russe maintient une taux directeur supérieur à 20 %, ce qui a gelé le crédit et fragilisé les entreprises, en particulier dans le secteur réel. Selon la banque centrale, une entreprise sur six ne parvient plus à couvrir ses intérêts sur la dette. Les petites et moyennes entreprises (PME) subissent quant à elles une perte massive de liquidités, due à la rupture des chaînes de paiement.

Dans ce contexte, l’État, déjà exsangue à cause des dépenses militaires et de la chute des revenus pétroliers, ne peut plus offrir de soutien généralisé. Le fonds de réserve national a vu ses liquidités divisées par trois, tandis que le déficit budgétaire a atteint un record de 3,8 trillions de roubles.

Des entreprises piégées dans un cercle vicieux

La banque centrale refuse de baisser les taux malgré les alertes répétées. La situation ressemble à un choc d’endettement classique : les entreprises empruntent non pour investir, mais pour combler d’anciens manques, aggravant leur dépendance. Le volume des crédits douteux approche les 4 trillions de roubles, un signal clair d’alerte économique.

Les PME retardent leurs paiements contractuels, acceptant les pénalités plutôt que d’emprunter à des taux usuriers. Beaucoup sont contraintes de se cacher dans l’économie informelle, ce qui dégrade encore plus la stabilité fiscale et sociale du pays.

Un programme d’austérité déguisé en « resserrement contrôlé »

Sous couvert de « resserrement contrôlé », les autorités entament une purge des entreprises jugées inefficaces, notamment dans les mines et industries des régions mono-industrielles isolées. Les promesses de reconversion restent vides : aucun vrai plan de création d’emplois n’est mis en place, ce qui laisse des milliers de travailleurs et leurs familles dans une situation précaire.

Ces fermetures massives provoquent une baisse du niveau de vie, une montée des tensions sociales et accélèrent le déclin économique régional.

Une économie tirée à bout de bras par le secteur privé

Le modèle économique s’est renversé : désormais, ce n’est plus l’État qui soutient le secteur privé, mais l’inverse. Avec un budget écrasé par les dépenses militaires et des recettes pétrolières en chute libre, les entrepreneurs russes sont laissés seuls face à une conjoncture hostile, où l’accès au crédit est un véritable fardeau et où la consommation est en déclin.

Le fonds national de richesse, auparavant doté de 8 trillions de roubles, ne dispose plus que de 2,8 trillions liquides, limitant drastiquement sa capacité à stabiliser l’économie. En cas de crise systémique, il n’y aura tout simplement plus de ressources pour sauver le système.

Une montée du secteur informel et de la précarité

Les banques imposent des conditions de crédit draconiennes, transformant les emprunts en pièges. Cela pousse de nombreux entrepreneurs à opérer dans la zone grise, privant l’État de recettes fiscales et sapant la cohésion sociale.

Face à l’absence de politique économique cohérente, une petite élite d’entreprises, grâce à son influence, survit tandis que la majorité des PME s’éteint, ce qui affaiblit durablement l’attractivité du pays pour les investisseurs.

Une économie de guerre qui étouffe la croissance civile

La priorité donnée à la militarisation creuse le fossé entre besoins civils et capacités économiques. Les secteurs essentiels comme la santé, l’éducation ou les infrastructures se voient privés de ressources, tandis que les entreprises régionales ferment les unes après les autres.

La Banque centrale redoute qu’une baisse des taux ne relance l’inflation déjà exacerbée par la militarisation, mais ce choix étouffe le secteur privé, détruit les perspectives de modernisation et accroît la dépendance à l’État et au contrôle autoritaire.

Le cœur du problème est clair : la guerre a détruit les bases budgétaires et stratégiques du pays. Les ressources se concentrent exclusivement sur le secteur militaire, au détriment d’une économie civile moribonde, transformant le secteur privé en simple variable d’ajustement d’une politique de guerre insoutenable.

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