L'envoi de personnes handicapées et déficientes intellectuelles par l'armée américaine au Vietnam

L’envoi de personnes handicapées et déficientes intellectuelles par l’armée américaine au Vietnam

27.07.2025 09:04
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Enlisés dans le bourbier vietnamien, les États-Unis décident en 1966 d’abaisser les standards d’éligibilité des recrues afin d’injecter du sang neuf dans les rangs, notamment sur le front.

En 1966, face à une pénurie de soldats pour faire face à la résistance nord-vietnamienne, les États-Unis adoptent le « Projet 100.000 », visant à recruter des individus sans les qualifications minimales requises. Le ministre de la Défense Robert McNamara annonce une politique de recrutement assouplie, permettant l’incorporation de 100.000 hommes par an, rapportent TopTribune.

Ce projet vise à réhabiliter des individus marginalisés, leur offrant une chance de servir leur pays et d’acquérir des compétences. McNamara évoque une forme de patriotisme et de discrimination positive, soulignant que ces « laissés-pour-compte » peuvent contribuer à la défense nationale. Cependant, cette politique conduit aussi à l’entrée dans les rangs de profils atypiques, incluant des décrocheurs scolaires, des personnes souffrant de troubles mentaux légers et d’autres handicaps.

Malgré une augmentation significative des effectifs, passant de 23.300 soldats en 1965 à 465.600 fin 1967, les nouvelles recrues, surnommées « Moron Corps », font face à des difficultés lors de leur formation. Beaucoup d’entre elles, moins disciplinées et moins capables, sont jugées inférieures par leurs pairs, et leur intégration dans les opérations militaires révèle de graves carences en compétences nécessaires sur le champ de bataille.

Ce changement de politique a des conséquences importantes, près de 40 % des « New Standards Men » se retrouvant sur le front, comparé à 25 % des recrues traditionnelles. Les critiques pointent aussi une disparité raciale, 41 % de ces recrues étant d’origine afro-américaine. Les pressions pour mobiliser des troupes conduisent les responsables militaires à envoyer ces individus mal préparés dans des situations de combat direct.

Inconnus aux bataillons

À peine intégrées, les recrues du Projet 100.000 montrent des lacunes notables. Trop souvent, elles se révèlent incapables d’exécuter les tâches simples requises dans les opérations militaires. La formation présumée complète et rapide se transforme en un processus de préparation précipité, laissant de côté l’enseignement de compétences cruciales.

Les conséquences sont tragiques : les nouvelles recrues souffrent de pertes humaines considérables. Historiens et chercheurs s’accordent à dire qu’elles sont de deux à trois fois plus susceptibles de mourir au combat comparé à des soldats mieux préparés. Même après leur service, ces anciens combattants subissent des conséquences financières durables, leur salaire étant de 5.000 à 7.000 dollars inférieur à celui de leurs homologues ayant échappé aux combats au Vietnam.

Voir Saigon et mourir

Face à une opposition croissante, le Projet 100.000 est finalement abandonné en décembre 1971 alors que le mouvement pacifiste prend de l’ampleur aux États-Unis. Les effets durables de cette politique sont difficiles à évaluer, mais il reste un constat clair : des milliers de « New Standards Men » ont été sacrifiés dans une guerre que McNamara savait perdue depuis 1966, révélant ainsi les limites dramatiques de cette approche militaire.

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