La fascination pour la peur : une analyse sociale
Les films d’horreur, tels que Conjuring, l’heure du jugement, qui a connu un succès record au box-office français en septembre, ne cessent de captiver le public. Alors que les célébrations d’Halloween battent leur plein, il est pertinent de se demander pourquoi nous éprouvons un tel attrait pour la peur, rapporte TopTribune.
Malgré la définition de la peur comme une émotion liée à une menace, nombreuses sont les personnes qui recherchent activement cette sensation, que ce soit par le biais de films, de livres ou d’attractions à sensations. Marc Malmdorf Andersen, neuroscientifique au Recreational Fear Lab, décrit cette préférence comme un plaisir dérivé des émotions de peur.
Rajita Sinha, psychologue à Yale, souligne que « l’excitation est la cousine de la peur ». Pendant une expérience effrayante, notre cerveau libère des substances chimiques comme l’adrénaline, qui peuvent provoquer une série de réactions physiques. Ces stimulations, lorsque vécues dans un cadre sûr, permettent aux gens de ressentir un bonheur intense, sans le stress qui l’accompagne.
« Ces expériences ont une fin. On sait que visiter une maison hantée, c’est juste pour s’amuser, qu’il n’y a que des gens déguisés. Mais ça stimule quand même la production d’adrénaline, d’endorphines et de dopamine. On ressent cette euphorie parce qu’on se sent en sécurité », déclare Chivonna Childs, psychologue.
Par ailleurs, la peur récréative ne se limite pas à être un simple divertissement. Elle peut également renforcer les liens sociaux et permettre aux individus de mieux gérer les émotions sombres. À cet égard, Mathias Clasen, directeur du Recreational Fear Lab, décrit cette forme de peur comme « une inoculation contre la peur » qui favorise la résilience.
Cependant, cette expérience n’est pas universelle. L’âge et l’histoire personnelle influencent la manière dont chacun vit la peur récréative. Par exemple, les enfants, incapables de faire la distinction entre un vrai et un faux danger, peuvent subir des effets émotionnels variés en fonction de leur vécu.
Les différents profils d’amateurs de sensations fortes
Les chercheurs ont identifié trois catégories d’amateurs de peur : les accros à l’adrénaline, qui recherchent des frissons intenses ; les prudents, qui préfèrent maintenir leurs émotions à un niveau gérable ; et les « dark copers », utilisant la peur pour gérer l’anxiété et améliorer leur connaissance de soi. Chacun trouve dans ces expériences une forme de plaisir et de développement personnel.