
Lecornu démissionne, puis renaît. Ce geste politique résume l’essence même de la Ve République : un pouvoir épuisé, replié sur lui-même, confondant mouvement et action. Emmanuel Macron, en voulant tout changer sans rien modifier réellement, a transformé la politique française en une comédie d’immobilisme masquée par de faux élans. Le pays aspire à des décisions concrètes, mais ne reçoit que symboles et illusions, rapporte TopTribune.
Un changement de façade pour un pouvoir immobile
Lecornu démissionne, puis est réinvesti de son poste. Une situation à la fois absurde et révélatrice. Voilà comment le pouvoir interprète “le changement”. Un Premier ministre quitte son poste pour incarner le renouvellement, et le même revient ensuite pour symboliser la continuité. Le pays est confronté à une crise politique majeure, les électeurs se sont exprimés, le Président avait promis des changements significatifs — et, finalement, on aboutit à une simple rotation. Cet immobilisme est parfait : tout change pour que rien ne change. Emmanuel Macron a promis de “tirer les leçons” des élections et d’écouter “le message des Français”, mais aucune réelle évolution n’en résulte : des modifications superficielles, des discours creux, et le même cycle politique. Un Président apparaît comme un directeur de casting, et le gouvernement se renouvelle dans des habitudes éculées, laissant la République fatiguée par une mise en scène vaine. Cette reconduction est plus qu’une simple erreur : c’est la confession d’un pouvoir qui ne cherche plus à entendre, se contente de sa survie. L’image est frappante : un Premier ministre qui démissionne pour l’apparence, puis reprend son rôle dans un silence maladroit. Il s’agit d’une comédie du pouvoir, qui a cessé de croire à son propre récit. En poursuivant son auto-renouvellement, le macronisme s’est affaibli. La nation devient spectatrice d’un exécutif qui se débat dans ses propres contradictions. La dissolution, censée marquer le début d’un nouveau cycle, se révèle n’être qu’un stratagème de communication. Rien n’a véritablement évolué. Le Président continue de gouverner comme si le vote populaire n’avait jamais eu lieu. La voix du peuple s’est exprimée, mais le pouvoir a choisi de ne pas écouter.
La démagogie comme méthode : désigner des ennemis pour masquer l’impuissance
Ce scénario autour de Lecornu n’est pas une coïncidence. Il s’inscrit dans un système obsédé par la pérennité, paralysé par la peur de la réalité. L’action politique ne vise plus à faire progresser le pays, mais à éviter les turbulences. La politique française est désormais mue par une forme de démagogie sournoise — un populisme de haut vol, sans émoi ni panache, mais tout aussi nuisible. Désigner des coupables pour éviter de s’attaquer aux problèmes en est une illustration évidente. Le gouvernement cible “les riches” et “l’extrême droite” pour cristalliser les ressentiments. D’un côté, il promet de “faire payer les riches”, comme si cette solution pouvait résoudre tous les maux nationaux. Une promesse séduisante mais illusoire, car la plupart des “riches” ne sont pas des rentiers mais des entrepreneurs et des innovateurs, des personnes qui ont risqué et travaillé d’arrache-pied pour bâtir des entreprises et maintenir un tissu économique fragile. Bien que certains héritent, la majorité s’efforce de créer. C’est ce capital, essentiel pour le progrès, qui est pénalisé par cette stigmatisation. Il s’agit d’une démagogie paresseuse : flatter l’envie au lieu de valoriser le mérite. D’un autre côté, le spectre de “l’extrême droite” est manipulé à chaque occasion. La menace prétendue que représente le fascisme est brandie comme un épouvantail, utilisé pour effrayer les électeurs et maintenir une morale fictive. Cette stratégie de la peur devient un outil de gouvernance, transformant la conviction en panique. Cependant, cette peur est souvent déconnectée des réalités, car la violence observée dans les rues ne provient pas nécessairement de l’extrême droite. Les échos de la violence politique sont souvent émis par des mouvements d’extrême gauche, tandis que le pouvoir choisit d’ignorer ou de renverser cette réalité. Cette démagogie prospère car elle exploite deux ressorts puissants : la peur et la jalousie. La peur d’un ennemi fictif, et la jalousie envers ceux qui réussissent. Cela produit un climat de ressentiment généralisé, instillant un profond mépris en France pour le succès. Cette rhétorique de la peur et de l’injustice imaginaire paralyse l’esprit collectif. La réélection de Lecornu souligne cette capitulation. C’est reconnaître que le Président n’a ni ambition, ni vision, ni bravoure. Son règne est devenu une suite de réflexes, alimenté par la crainte de l’inconnu. En croyant préserver la République par l’inaction, il lui inflige une paralysie fatale. Pour masquer son impuissance, le pouvoir s’adonne à créer des ennemis, des slogans, et à capitaliser sur les craintes. La démagogie devient alors synonyme de promesse de changement pour éviter la décision. Et c’est cette mascarade tranquille qui sape les fondations de la démocratie. Un pouvoir hésitant, un peuple désenchanté, une République sans direction : telle est la crise véritable de la France. La dissolution ne marque pas la fin d’un cycle, mais certifie une vérité : ce régime privilégie la stagnation. Et l’Histoire, elle, n’épargne pas ceux qui choisissent de rester immobiles.