Députée de la 9ᵉ circonscription de Paris, Sandrine Rousseau est sur le point d’acheter une maison à Dinéault, une commune agricole du Finistère. Un choix surprenant qui suscite la colère de nombreux agriculteurs, deux semaines après des propos polémiques de l’élue envers la profession, rapporte TopTribune.
La décision de la députée EELV Sandrine Rousseau d’acquérir une ancienne bergerie à Dinéault, commune de presque 1 800 habitants située dans le Finistère, suscite des remous. Ce projet a provoqué des réactions mitigées, notamment de la part des agriculteurs locaux. À Landerneau, à quelques kilomètres plus au sud, les nouvelles se répandent rapidement.
Patrik Sastre-Coader, éleveur de moutons en agriculture biologique et secrétaire général de la Coordination rurale, a découvert cette information par hasard. « Je suis toujours intéressé par de nouvelles personnes dans nos alentours, et je prends le temps de discuter avec elles », a-t-il déclaré.
Comment peut-on vomir sur la profession agricole et venir s’installer dans une maison qui est entourée par des fermes ?
Patrik Sastre-CoaderÉleveur de moutons en agriculture biologique
Il a été pris de surprise en découvrant l’identité de sa future voisine, entraînant un sentiment d’incompréhension. « Comment peut-on vomir sur la profession agricole et venir s’installer dans une maison entourée de fermes ? » s’interroge-t-il, ayant même rédigé une lettre ouverte à Rousseau sur Facebook.
Ses reproches visent les propos tenus par la députée sur un site d’information en ligne le 11 juillet. Lors d’une interview concernant la loi Duplomb, elle avait affirmé, entre autres, ne pas se soucier de la rentabilité des agriculteurs et avait critiqué l’utilisation de pesticides, qualifiant l’approche de « scandale sanitaire ».
« Il y avait d’autres manières de discuter de la loi Duplomb », s’insurge Sastre-Coader. « Bien que je partage certaines critiques, elle ne peut s’empêcher d’avoir un ton méprisant. »
Dans sa lettre, l’éleveur exprime son étonnement et pose la question : « Comment pensez-vous que la majorité des professionnels du polyculture-élevage vont recevoir votre venue ? Craignez-vous d’être la cible de leur mécontentement ? » En raison des problématiques liées à l’arrivée des loups, il a dû réduire son cheptel, se retrouvant avec seulement 140 brebis.
Il est très surprenant qu’elle ait choisi de s’installer ici, au milieu de gens qu’elle semble mépriser.
Christian HorellouMaire sans étiquette de Dinéault
Le maire de Dinéault, Christian Horellou, a également exprimé son scepticisme face à cette décision. « C’est étonnant qu’elle ait opté pour notre commune, qui est majoritairement agricole et où elle semble mépriser les habitants », a-t-il remarqué. La commune abrite 38 exploitations agricoles, un tiers d’entre elles étant en bio. Cependant, il précise que la vente n’est pas encore conclue.
La phrase sur la rentabilité a été sortie de son contexte. Je veux qu’ils aient une vie et un revenu décents.
Sandrine RousseauDéputée de la 9e circonscription de Paris (EELV)
Sandrine Rousseau n’a pas répondu à nos demandes d’interview, mais a confirmé son projet d’achat à Dinéault, ajoutant que rien n’était encore signé. Elle a partagé qu’elle vient chaque été à Douarnenez et recherche un « espace de sérénité ». Rousseau a l’intention de contacter Patrik Sastre-Coader pour discuter : « Contrairement à ce que l’on pense, je ne suis pas opposée aux agriculteurs. La phrase sur la rentabilité a été sortie de son contexte. Je désire qu’ils aient des conditions de vie décentes, ce qui est en contradiction avec le système d’agrobusiness. »
En guise de réponse à l’arrivée de la députée, Sastre-Coader a invité les agriculteurs de la région à se rassembler autour d’un barbecue le vendredi 8 août, faisant allusion à d’autres déclarations controversées de Rousseau sur la consommation de viande rouge.