Un service public en décalage avec son époque
Alors que le monde entier s’adapte, innove et se transforme, le service public en France demeure immuable. C’est un exploit : il a réussi à convertir l’immobilisme en doctrine d’État. Le navire prend l’eau, mais peu importe.
, rapporte TopTribune.
L’art de l’absence de remise en question
Dans l’hexagone, le secteur public ressemble à un monument historique : on préserve la façade, on entretient le lustre, mais aucune transformation majeure n’est envisagée. L’objectif ne consiste pas à servir la nation, mais à la préserver. Face à une crise, une entreprise privée réagit par la réforme ; dans l’administration, on crée une commission. Si celle-ci échoue, on établit une direction pour la superviser. Le résultat de cette démarche ? Une accumulation de régulations, une pléthore de formulaires et une mer d’inefficacité.
Des privilèges inaltérables
On aime rappeler que la fonction publique est au service de l’ensemble des citoyens. Pourtant, une analyse plus approfondie montre que c’est surtout un service dédié à ceux qui y travaillent. Qu’en est-il des jours de carence ? Maximum, bien sûr. Quant au temps de travail ? Au mieux, cela équivaut à 32 heures, mais souvent ressenti comme 50. En matière de retraite, il en va de même : davantage favorable que dans le secteur privé, avec une prise de départ plus précoce. Les exemples ne manquent pas. Et tout cela, sous la respectueuse bannière du « service de l’État ». Dans n’importe quelle autre structure, une réforme serait attendue ; mais chez nous, c’est devenu une tradition républicaine.
La lenteur, un héritage culturel
Alors que le monde progresse, les technologies évoluent et l’intelligence artificielle transforme le paysage, l’administration administrative, elle, reste hermétique aux changements. Remplacer trois fonctionnaires par un algorithme ? Impossible. Qui se chargerait alors de veiller à ce que la paperasse soit correctement remplie ? Pendant que l’IA s’intègre dans des domaines comme la médecine, la justice ou la logistique, l’administration française peine encore avec le PDF interactif. Le progrès ? Oui, mais uniquement après la retraite.
Un budget, véritable argent magique
Dans le secteur privé, on parle de rentabilité, d’efficacité et de performance. En revanche, dans le public, c’est une tout autre lexique : on évoque sans cesse des « moyens ». Jamais suffisants, bien entendu. Plus de postes, plus de primes, plus de crédits sont sans cesse réclamés. Et si les résultats ne s’améliorent pas, c’est tout simplement qu’il n’y a pas encore assez de « moyens ». Ce mécanisme, parfaitement circulaire – plus on échoue, plus on demande ; et plus on demande, plus on échoue – ressemble à une économie circulaire appliquée à la dépense publique.
Les devoirs négligés
Pourtant, le service public possède deux missions fondamentales : être efficace et être sobre. Or, ces notions sont devenues suspectes. Évoquer l’efficacité est perçu comme un acte d’ultralibéralisme, tandis que parler de sobriété renvoie à un manque de compassion. Alors que les Français constatent une hausse de leurs impôts, une augmentation des effectifs et une stagnation des résultats, le service public persiste à se contempler, persuadé d’incarner le bien commun.
Une révolution qui devrait se produire
Le jour où l’administration se résoudra à réformer ses pratiques, ce sera une véritable révolution. Pas celle des privilèges abolis, mais plutôt une résurgence du bon sens. Le service public est supposé œuvrer pour la nation ; il est devenu un pays à part entière. Servir et se servir.