François Bayrou est confronté à un enjeu majeur. Ce mardi, le Premier ministre exposera les principales orientations du budget 2026, un défi financier et politique qui prévoit des économies de 40 milliards d’euros tout en augmentant les dépenses militaires, provoquant déjà des réactions hostiles parmi l’opposition, rapporte TopTribune.
Résoudre cette équation s’apparente à un véritable tour de force, compte tenu des marges financières restreintes. De plus, François Bayrou doit s’atteler à ramener le déficit à 4,6 % du PIB l’année prochaine, en comparaison avec 5,8 % en 2024. Cette tâche se complique dans un contexte international tendu, marqué par des tensions commerciales et militaires, incitant Emmanuel Macron à réclamer une augmentation de 3,5 milliards d’euros destinés à la défense.
Le RN brandit la menace de censure si certaines exigences ne sont pas satisfaites
Bien que le Premier ministre assure qu’aucune dépense ne sera occluse, son soutien s’avère plus incertain que jamais, chacun s’étant déjà défini des limites avant même cette présentation.
Au Rassemblement National, qui prétend jouer un rôle clé dans la censure après avoir destitué le gouvernement Barnier en décembre, le député Jean-Philippe Tanguy a averti qu’il pourrait provoquer la chute du gouvernement en cas d’augmentation des impôts ou d’un gel budgétaire, désigné comme une « année blanche », qu’il considère comme une manière d’« appauvrir les citoyens ».
Le rendement d’une « année blanche », qui consiste à reconduire certaines dépenses sans tenir compte de l’inflation, dépend du périmètre appliqué. Cette pratique pourrait toucher la fiscalité des retraites et le barème de l’impôt sur le revenu.
« Les lignes rouges incluent l’attaque contre la contribution à l’UE, la suradministration, l’immigration », a précisé le vice-président du RN, Sébastien Chenu, en mettant en garde contre des efforts demandés aux Français.
La gauche exerce également des pressions
Toutefois, l’extrême droite n’est pas la seule formation politique à surveiller de près les annonces de François Bayrou.
Pour le mouvement La France insoumise, cette année blanche se transformerait en « année rouge pour les Français », soulignant que « les mêmes causes produiront les mêmes effets », comme l’a exprimé leur coordinateur Manuel Bompard, qui a également voté la censure en décembre. De son côté, le député socialiste Philippe Brun a souligné qu’il serait « inacceptable » que les plus riches soient complètement exemptés d’efforts.
La gauche aspire à instaurer une taxe inspirée par l’économiste français Gabriel Zucman sur les « ultra-riches », en prélevant 2 % de leur patrimoine par an, potentiellement générant un rendement de 20 milliards d’euros annuels. Cependant, les partisans de Macron s’opposent à cette idée.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a, de son côté, encouragé le gouvernement à rechercher des fonds auprès des actionnaires, des rentiers et des plus riches.
Il est donc évident que François Bayrou, qui s’exprimera pendant quarante-cinq minutes, précédant certains de ses ministres (Eric Lombard, Catherine Vautrin, Amélie de Montchalin, François Rebsamen et Astrid Panosyan-Bouvet), tout en présentant des infographies, évolue sur un fil délicat.