Le Rassemblement national s'insurge contre la condamnation de Nicolas Sarkozy et dénonce l'exécution provisoire

Le Rassemblement national s’insurge contre la condamnation de Nicolas Sarkozy et dénonce l’exécution provisoire

26.09.2025 06:03
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Nicolas Sarkozy condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs

C’est une première dans l’histoire de la Ve République : un ex-président écope d’une peine de prison ferme. Le tribunal de Paris a condamné jeudi 25 septembre Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs, au terme du procès sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007. Le tribunal correctionnel a prononcé à son encontre un mandat de dépôt différé mais avec exécution provisoire. Concrètement, son appel ne suffira pas à suspendre l’exécution de la peine et la décision s’appliquera jusqu’à une audience en seconde instance, rapporte TopTribune.

Cette décision, d’une sévérité inattendue et justifiée par la préparation d’une « corruption au plus haut niveau possible », a été immédiatement contestée par l’ancien chef de l’État. « Alors qu’on connaît mon adresse, que j’ai assumé toutes mes responsabilités, le tribunal prononce l’exécution provisoire pour me voir dormir en prison le plus tôt possible », a-t-il cinglé devant les journalistes à l’issue du jugement. « La haine n’a donc décidément aucune limite », a-t-il estimé.

Dans la foulée, sans surprise, la droite est venue défendre son ancien champion, victime d’un « jugement politique », selon l’eurodéputé François-Xavier Bellamy. « S’ils croyaient tant à leur sentence, qu’est-ce que les juges avaient à craindre d’attendre une décision d’appel ? Alors que tant d’auteurs de violences graves sont chaque jour remis en liberté, les Français ne seront pas dupes sur le sens de cette décision », a dénoncé l’élu des Républicains sur X. Peu après, c’est le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a déclaré par communiqué « partager » le « questionnement grandissant au sein de la société sur l’exécution provisoire d’une condamnation alors que les voies de recours ne sont pas épuisées ».

Le Rassemblement national et ses élus ont eux aussi pris la parole pour soutenir Nicolas Sarkozy contre l’exécution provisoire de la peine infligée jeudi. « Au-delà de la personne de l’ancien président Nicolas Sarkozy, la négation du double degré de juridiction par la voie de la généralisation de l’exécution provisoire par certaines juridictions représente un grand danger », a fustigé Marine Le Pen sur X, elle-même condamnée à quatre ans d’emprisonnement et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire dans l’affaire des assistants parlementaires d’eurodéputés du Front national.

A l’unisson de la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, le député Philippe Ballard a dénoncé sur LCI « un danger pour notre système judiciaire et pour la démocratie ». « Nicolas Sarkozy, on l’a combattu politiquement, mais on peut se demander où est la présomption d’innocence, il y a une dérive inquiétante ce jour », a jugé l’élu de l’Oise, assumant un « parallèle avec le 31 mars dernier », lorsque la leader d’extrême droite avait été jugée coupable.

La comparaison a aussi été faite par son collègue Frédéric Falcon, qui a accusé les juges d’avoir un rôle politique. « La justice a saboté la campagne de François Fillon en 2017, veut interférer dans celle de 2027 en empêchant Marine Le Pen, et se venge de Nicolas Sarkozy en le mettant en prison », a affirmé le député RN de l’Aude sur X. « Tout ça mis bout à bout, ça fait beaucoup », a soufflé Philippe Ballard, estimant que « cette exécution provisoire mériterait d’être revue ». « Des élus condamnés avec exécution provisoire, ils ont fait appel et ont gagné en appel. Mais comme il y avait exécution provisoire, ils ont dû quitter leurs fonctions », a-t-il développé.

La bataille du RN contre l’exécution provisoire n’est pas nouvelle. Au lendemain du jugement dans l’affaire des assistants parlementaires, le parti d’extrême droite avait lancé une pétition pour « soutenir Marine » contre un « scandale démocratique ». « Ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée. Ce n’est plus le gouvernement des juges, mais la dictature des juges, qui souhaite empêcher le peuple français de s’exprimer », dénonçait le texte. Plus tôt, en 2018, Marine Le Pen avait déjà critiqué l’outil judiciaire que constitue l’exécution provisoire après la saisie de deux millions d’euros d’aides publiques dans la même affaire.

Au-delà de la condamnation de Nicolas Sarkozy, le thème ne devrait pas tarder à resurgir, car Marine Le Pen sera jugée en appel du 13 janvier au 12 février 2026. L’ancienne candidate à l’élection présidentielle pourra alors tenter de briser cette exécution provisoire de la peine d’inéligibilité, gage de sa participation à l’élection suprême de 2027. Pour l’heure, comme elle l’a déclaré fin juin au magazine Valeurs actuelles, l’élue du Pas-de-Calais a « demandé » à Jordan Bardella « de se préparer » à l' »éventualité » d’être candidat si elle était empêchée de se présenter, une « hypothèse » que la leader du Rassemblement national dit avoir « intégrée ».

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