La taxe Zucman divise l’Assemblée nationale
Les débats autour de la fiscalité prennent une tournure critique à l’Assemblée nationale, notamment avec la discussion attendue sur la taxe Zucman prévue pour ce vendredi. Cette mesure, qui vise à imposer les plus riches, suscite de vives critiques de la part de la droite et des macronistes, et a été récemment rejetée par le Rassemblement national. « Il n’en est pas question pour nous. Zucman, non. Ni light, ni hard, ni rien du tout », a affirmé Marine Le Pen, soulignant un éventuel changement de cap pour le RN, rapporte TopTribune.
Détails de la mesure
La taxe, imaginée par l’économiste Gabriel Zucman, impose un taux minimal de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, y compris les biens professionnels, pouvant générer des recettes à hauteur de 20 milliards d’euros. Le projet est au cœur d’un affrontement entre le Parti socialiste et le gouvernement, tandis que la droite, le bloc central et maintenant le Rassemblement national le rejettent.
Jean-Philippe Tanguy (RN) a exprimé des craintes quant à la mesure, affirmant qu’elle pourrait favoriser « une vague de désindustrialisation ». Bien que la taxe Zucman ait été adoptée par l’Assemblée en février dernier avec l’abstention notable de la formation de Marine Le Pen, son opposition actuelle pose la question d’un changement de fond de la ligne stratégique du RN.
Une évolution controversée
Jean-Philippe Tanguy a qualifié la taxe de « fausse solution » avec un niveau « intellectuellement extrêmement faible ». Il a également été interrogé sur l’abstention de son groupe lors du vote précédent, expliquant qu’ils souhaitaient ouvrir le débat sur la justice fiscale. Cette évolution de la position du RN, qui semble se rapprocher d’un discours plus libéral, a suscité des critiques de la part de l’opposition, soulignant une instabilité ideologique au sein du parti.
Erwan Balanant, député MoDem, a noté que ce revirement symbolise une nouvelle direction libérale, alors que le RN, sous la présidence de Jordan Bardella, affiche une stratégie plus favorable aux entreprises. Les députés, tels que Laurent Baumel du PS, interrogent le RN sur son alignement avec les intérêts des Français ou ceux des milliardaires.
Sur le front fiscal
Sauf changement de dernière minute, le RN devrait à nouveau s’opposer à la taxe Zucman, y compris à sa version « light » soutenue par les socialistes, qui élève le seuil d’imposition à 10 millions d’euros en excluant les entreprises innovantes. Matthias Renault, député RN, a critiqué cette mesure qu’il qualifie de spoliation, en affirmant que le RN propose des alternatives qui ne relèvent pas de la gauche.
Lors de la présentation de son contre-budget, le RN a suggéré d’introduire un nouvel impôt sur la fortune financière (IFF) tout en supprimant l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), convaincu que l’IFI ne taxe que la propriété sans aborder la spéculation. Cette approche, selon Jean-Philippe Tanguy, aura des taux similaires à ceux de l’ancien ISF, tout en excluant les biens professionnels pour ne pas freiner la création de richesse.
Avant les discussions sur la taxe Zucman, l’Assemblée nationale a voté une nouvelle taxe sur les bénéfices des multinationales, adoptée malgré l’opposition du gouvernement, grâce aux voix du Rassemblement national et d’un amendement de La France insoumise, une initiative liée à Gabriel Zucman lui-même. Les implications de ces choix fiscaux continueront de susciter des débats animés au sein de l’Assemblée.