Adoption du budget de la Sécurité sociale : une victoire pour le gouvernement, mais des tensions persistent
« La réforme des retraites, la voici suspendue ! » s’est réjoui Boris Vallaud à la tribune, peu après 19 heures, mardi 9 décembre. Le président des députés PS, qui a négocié de longues semaines avec le gouvernement, a salué « le fruit du compromis républicain » trouvé sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). « Un bon compromis, c’est quand à la fin, personne n’est vraiment content. Mission accomplie », a également déclaré Pierre Cazeneuve, député Ensemble pour la République (EPR), rapporte TopTribune.
Peu avant 20 heures, les députés ont adopté le PLFSS avec une marge étroite de 13 voix (247 pour et 234 contre) lors de sa deuxième lecture. Cette victoire est significative pour Sébastien Lecornu, qui a vu le texte revenir de Sénat, prêt à obtenir le feu vert final de l’Assemblée nationale. “Cette majorité de responsabilité montre que le compromis n’est pas un slogan : il permet d’avancer dans le sens de l’intérêt général”, a réagi le Premier ministre immédiatement après le vote. Les membres du gouvernement se sont congratulés dans un hémicycle en ébullition, bien que Stéphanie Rist, ministre de la Santé, semblait nerveuse avant le vote, soulignant l’incertitude planant autour de cette session.
À l’aube du vote, le calme régnait dans les couloirs du Palais-Bourbon. « On verra », a commenté la députée PS Christine Pirès-Beaune, préoccupée par l’issue ténue du scrutin. L’annonce par Cyrielle Chatelain, présidente du groupe des Écologistes, d’une potentielle abstention de son groupe a créé des ondes de choc dans l’exécutif, qui se montrait nerveux.
« Jusqu’au dernier moment, on va être sur le fil », a déclaré une source gouvernementale, tandis qu’une autre a ajouté : « On ne soufflera qu’après le vote ». Cependant, la députée socialiste s’est montrée optimiste après les révélations concernant le vote des Écologistes, qui avaient indiqué leur soutien conditionnel au rehaussement de l’objectif des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), comme promis par le gouvernement.
La dynamique durant la journée était teintée d’anticipation. Des membres du groupe Horizons faisaient des allers-retours, leur position était attendue avec impatience. Edouard Philippe, leader de Horizons, avait proposé de s’abstenir, tout en étant partie prenante du soutien gouvernemental.
« Ce budget n’est pas bon, je m’apprête à m’abstenir. »
Une députée Horizons
Les tensions étaient palpables, Marine Le Pen, dont le groupe a annoncé un vote « contre », a réitéré son appel à une dissolution. La France insoumise s’est également positionnée contre le texte, avec ses voix cumulant déjà 194.
Dans l’Assemblée, la tension est montée autour de l’heure du déjeuner. « Lundi, on estimait que ça passait à quatre voix près avec l’abstention des Écologistes. J’espère qu’on va voter le texte », s’est inquiété un député macroniste. Des échanges humoristiques contrastants ont révélé l’inquiétude ambiante. La position des Écologistes restait incertaine, et leur décision était retentissante.
Les groupes Horizons et Les Républicains ont finalement tranché en faveur de l’abstention, soulignant qu’ils ne voulaient pas être un facteur de blocage, malgré les atteintes apportées par les négociations. « On ne doit pas être un facteur de blocage, vu les avancées obtenues », a affirmé Laurent Wauquiez, président du groupe LR.
Le moment clé est intervenu lors des questions au gouvernement, lorsque Sébastien Lecornu a annoncé avoir saisi la justice pour interférences inappropriées d’un groupe d’intérêts. « Un de vos conseillers a appelé de nombreux chefs d’entreprise du secteur des énergies renouvelables et a diffusé de fausses informations », a précisé Chatelain.
Cette situation a soulevé des inquiétudes. L’entourage du Premier ministre a toutefois affirmé qu’il n’y avait pas eu de pression sur les entreprises. En attendant, les Écologistes continuaient de faire durer le suspense autour de leur vote, et l’incertitude s’accentuait parmi les soutiens du gouvernement.
A 16h30, la séance sur le PLFSS débutait, en l’absence du Premier ministre. Le climat demeurait tendu à l’intérieur du gouvernement, tandis que les discussions se poursuivaient en vue du vote.
« Il y a encore deux, trois voix que j’essaie de faire basculer de l’abstention vers le pour. »
Un membre de l’exécutif
Peu après, l’Assemblée a adopté un amendement visant à relever l’Ondam à 3%. « C’est bon signe, mais prudence », a commenté un ministre, conscient de l’instabilité au sein du groupe des Écologistes. Pendant ce temps, les discussions renseignées sur les intentions de vote continuent de faire écho au risque d’une abstention majoritaire.
Finalement, peu après 18h30, la présidente des Écologistes a confirmé que son groupe s’abstiendra, une décision qui a été accueillie comme une nouvelle soudaine au sein de l’Assemblée. Ce choix a permis l’adoption relativement aisée du volet « dépenses » du PLFSS avec 227 voix pour et 86 contre.
Les conclusions des débats n’ont pas tardé à surgir. A 19h45, le PLFSS a été finalement adopté, suscitant une reconnaissance affichée du gouvernement. « C’était stressant et ça s’est joué à pas grand-chose », a déclaré une source gouvernementale, ajoutant qu’il s’agissait d’une étape majeure, même si le chemin reste long pour l’exécutif, désormais concentré sur le projet de loi de finances 2026.
Les élus macronistes, regroupés en réunion, ont déjà commencé à envisager des stratégies, dont un recours potentiel à l’article 49.3. « Je suis plutôt pour un 49.3. C’est le seul moyen de verrouiller le déficit à 5% et ça ne sert à rien de jouer la montre », a commenté un membre du groupe de Gabriel Attal.