Des associations écologistes ont porté plainte mercredi contre le groupe SEB et sa filiale Tefal pour des « pratiques commerciales trompeuses ». Ces marques ont affirmé que leurs poêles en Téflon étaient « sûres ». En « assurant que les revêtements antiadhésifs de ses poêles sont reconnus comme sûrs car contenant du PTFE [l’autre nom du Téflon] et non des PFOA », des composés chimiques interdits, le groupe « omet de mentionner le risque de rejets dans l’environnement ainsi que les risques sur la santé », font valoir France Nature Environnement, Générations Futures et l’Association citoyenne et laïque des consommateurs, rapporte TopTribune.
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) rassemblent une famille de 10.000 substances chimiques de synthèse, utilisées dans de nombreux produits courants. Présentes dans les textiles, les emballages alimentaires, les mousses anti-incendie, et les revêtements antiadhésifs, ces substances sont largement utilisées depuis les années 1950. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, leur stabilité les rend persistantes dans l’environnement.
Environnement et santé
Les PFAS sont considérés comme responsables de l’une des plus graves crises de pollution, car ils ne se dégradent pas naturellement et peuvent rester des siècles dans l’environnement. Ils sont donc appelés « polluants éternels ». Leur présence a été détectée dans les eaux souterraines, l’air, le sol et même chez l’homme. Plusieurs études établissent un lien entre l’exposition à ces composés et une douzaine de maladies, dont certains cancers.
Le PFOA et ses dangers
L’acide perfluorooctanoïque (PFOA), un composant des PFAS, était utilisé dans certains revêtements antiadhésifs. Depuis juillet 2020, l’utilisation du PFOA est interdite par l’Union européenne, en raison de ses effets nocifs potentiels, notamment des cancers et des malformations congénitales.
Le Téflon (PTFE) est-il dangereux ?
Le Téflon (PTFE) est largement utilisé pour ses propriétés antiadhésives. Les associations à l’origine de la plainte soutiennent que le Centre international de recherche contre le cancer n’a pas suffisamment de données pour classifier le PTFE comme cancérogène. Ils citent également une étude de novembre 2023 qui montre des effets nocifs des microparticules de PTFE sur la santé.
En réponse, le groupe Seb a affirmé que « les autorités sanitaires » françaises et des agences de santé internationales ont confirmé la sécurité du PTFE. Selon le ministère de la Santé français, bien que le PTFE fasse technifiquement partie des PFAS, sa stabilité et sa sécurité ont été établies, contrairement à la majorité des autres PFAS.
La question de la dangerosité des PFAS
Étant donné l’impossibilité d’étudier l’impact des 10.000 composés PFAS, cinq pays européens ont proposé, en 2023, une restriction de l’utilisation de cette famille chimique devant l’Agence européenne des produits chimiques. Ce projet soulève des préoccupations et une intense campagne de lobbying de la part des industries concernées.