Le Parti Socialiste choisit de ne pas censurer le gouvernement Lecornu
En optant pour la non-censure du gouvernement Lecornu, le Parti Socialiste (PS) d’Olivier Faure se positionne comme un acteur gouvernemental, même au risque de mécontenter ses alliés de gauche, notamment les Ecologistes, à l’approche des prochaines élections, rapporte TopTribune.
Olivier Faure mise sur un rapprochement avec le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites, une mesure phare de la présidence Macron. Cette annonce a été faite par le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a déclaré qu’il proposerait cette suspension « dès cet automne » jusqu’à l’élection présidentielle.
Le PS, qui avait menacé de déposer une motion de censure si ses demandes n’étaient pas satisfaites, a salué ce développement comme une « victoire » et un « premier pas ». Boris Vallaud, président du groupe PS, a précisé que le parti ne ferait pas tomber le gouvernement pour le moment.
Les députés socialistes sont prêts à aborder le projet de budget 2026 dans un cadre parlementaire, mais Vallaud a averti : « nous sommes capables de faire des compromis », en rappelant les précédents succès du PS dans des mouvements similaires.
Le PS entend tirer profit de cette concession du gouvernement : « Aujourd’hui, la Gauche a eu une victoire. Certes partielle, mais concrète, surtout pour les travailleurs les plus fatigués », a affirmé Luc Broussy, président du conseil national du PS.
Il n’y a plus que nous à la table des négociations et on compte bien s’en servir pour arracher des améliorations.
Cette stratégie vise à se poser comme un interlocuteur central du gouvernement, tout en préparant le terrain pour la prochaine élection présidentielle, où le PS souhaite démontrer qu’il peut être une alternative viable, même si pour l’instant, aucun leader ne se distingue dans les sondages.
Relations tendues avec La France insoumise
En prenant cette décision, le PS s’éloigne de La France insoumise, avec qui il avait formé le Nouveau Front populaire en 2024. Les relations se sont détériorées depuis, le mouvement radical accusant le PS de trahison.
Redevenus acceptables aux yeux des macronistes, les socialistes doivent naviguer prudemment, conscient que leur dernière proposition de négociation sur le budget 2025 n’a pas abouti à des résultats satisfaisants.
Le PS, qui avait rejeté une motion de censure conjointe avec les écologistes et les communistes, a finalement obtenu des concessions limitées et a fait l’objet de critiques acerbes de la part de ses alliés.
Cette fois encore, la décision de ne pas censurer risque de contrarier le reste de la gauche, à quelques mois des élections municipales, où le PS espère s’associer avec les Ecologistes et le PCF. Une députée socialiste a souligné que « si nous sommes les seuls à gauche à ne pas censurer, nous allons nous faire exploser », avertissant qu’ils risquent de céder des voix à l’extrême gauche que représente LFI.
Les Insoumis intensifient déjà la pression sur les socialistes avant le vote de leur motion de censure, prévue pour jeudi. Paul Vannier, député LFI, a déclaré que le PS avait utilisé les voix du Nouveau Front populaire pour soutenir l’administration Macron.
Il suffirait d’une vingtaine de voix socialistes pour faire tomber le gouvernement. Au sein du PS, certains députés, motivés par des convictions personnelles ou des considérations électorales, pourraient envisager de voter en faveur de la censure.
Olivier Faure a rappelé aux députés l’importance de respecter la décision « quasi unanime » de ne pas censurer, exprimée mardi lors d’une interview sur TF1.