La formation punk-pop californienne fête cette année ses 40 ans avec un onzième album plein d’énergie. Et Noodles, le guitariste du groupe, se déclare « super dégoûté » par Donald Trump, l’ancien président américain.
« Affronter ce que le monde nous réserve », notamment « Donald Trump, qui sème la méfiance envers les institutions démocratiques » : voilà comment « Noodles », pilier du groupe punk culte The Offspring, présente le nouvel album Supercharged. On peut traduire par « Superchargé », niveau alimentation électrique. La pochette au mauvais goût assumé de cet album, prévu vendredi 11 octobre, figure d’ailleurs un squelette luminescent traversé par la foudre. Le courant jaillit toujours des guitares de la formation américaine, qui n’a jamais baissé de ton depuis l’album à succès Smash, sorti il y a trente ans.
C’est Noodles – Kevin Wasserman pour l’état civil, 61 ans – qui a façonné les riffs des tubes de l’époque, Self Esteem ou Come Out and Play. Toujours efficaces en festivals, source de pogos par exemple à Rock en Seine aux portes de Paris fin août. « Rock en Seine est devenu Rock Insane (Rock de dingue)« s’en amusa d’ailleurs au micro le chanteur Dexter Holland, autre cerveau du groupe.
Et le voltage augmente dès qu’on demande à Noodles, guitariste, pourquoi un tel titre pour ce nouveau disque. « On l’a appelé comme ça, car il y a toujours des conneries politiques folles, des guerres, la montée du nationalisme, de l’extrême droite », commence-t-il.
« Alors continuons à vivre, sortons, faisons face à ces merdes, c’est ce que Joe Strummer voudrait que nous fassions, je pense ». Strummer, disparu en 2002, fut le leader de The Clash, groupe punk britannique mythique des années 1970-1980, hérissé par le capitalisme et les mouvances d’extrême droite. Quand on invite Noodles à développer sur la politique, avec la perspective de la présidentielle américaine du 5 novembre, sa réponse fuse.
« Je pensais que la démocratie et les principes démocratiques resteraient toujours forts dans notre pays, mais prenez quelqu’un comme Donald Trump, qui sème la méfiance à l’égard des institutions démocratiques de notre pays… »Noodles, musicien
à l’AFP
Et de se remémorer l’assaut du Capitole en janvier 2021, sanctuaire de la démocratie américaine à Washington, par des partisans de Trump chauffés à blanc. « Ce n’était pas un film de science-fiction, mais c’était la réalité. J’ai pensé que c’était la tentative de coup d’État la plus stupide qui soit ». « Ils devaient savoir pourtant que l’élection (de Joe Biden) n’a pas été volée. Il n’y a aucune preuve, mais ils voulaient y croire. Soit ils ne veulent pas s’informer, soit ils croient Donald Trump. »
« J’étais encore sur Twitter à l’époque et j’ai dit de ne pas s’approcher du Capitole : restez loin, ça va devenir violent, ça va être stupide et vous ne voulez pas en faire partie ».
« Déferlante de platistes »
Un réseau social qu’il a quitté. « Une fois qu’Elon Musk a pris le contrôle, c’est devenu X » et il y a vu une déferlante de « platistes (qui pensent que la terre est plate), racistes et bigots ». « Je ne pouvais plus le supporter ».
Noodles privilégie maintenant Instagram pour des « vidéos de surf, des vidéos de guitare, des humoristes qui racontent des blagues ». Mais derrière cette apparente décontraction sur le refrain du « à quoi bon ? », l’homme aux cheveux bicolores se tient informé, émaillant l’interview de références à la vie politique européenne, notamment des législatives françaises.
Une complexité qu’on retrouve chez le chanteur et autre gardien du temple d’Offspring, Dexter Holland. Le quasi-sexagénaire, qui chante toujours comme un lycéen bravache (comme sur Light It Up sur le nouvel album), a poursuivi ses études en parallèle du rock’n’roll circus, jusqu’à obtenir un doctorat en biologie moléculaire.
Avec lui et Noodles, l’ADN de The Offspring est préservé. The Fall Guy, nouveau titre, aurait ainsi très bien pu trouver sa place dans l’opus Americana de 1998, celui des hits The Kids Aren’t Alright ou encore Pretty Fly.