La France met en œuvre un nouvel instrument pour combattre le chômage parmi les seniors : le contrat de valorisation d’expérience. Ce dispositif vise à favoriser l’emploi des personnes âgées de plus de 60 ans. Avec seulement 38,9 % des seniors en activité, notre pays se positionne loin derrière l’Allemagne à 61 % et la Suède à 70 %. Le gouvernement espère que cette initiative permettra aux seniors de retrouver durablement une activité professionnelle, rapporte TopTribune.
Les enjeux de l’emploi des seniors en France
Les données révèlent une situation préoccupante : d’après les statistiques, seulement 61 % des individus de plus de 55 ans occupent un emploi, et ce chiffre chute à moins de 40 % chez ceux de plus de 59 ans. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a qualifié cette réalité de « point faible » pour l’économie française. Ce constat a conduit à la création du contrat de valorisation d’expérience, également connu sous le nom de CDI senior, qui a reçu le feu vert des députés le 3 juillet 2025.
Le dispositif cible spécifiquement les demandeurs d’emploi âgés d’au moins 60 ans, ou dès 57 ans avec l’accord de leur branche. Son expérimentation est prévue pour une durée de cinq ans. L’objectif principal est de simplifier le processus d’embauche des seniors, tout en offrant aux employeurs des exonérations fiscales relatives à l’indemnité de départ à la retraite, avec une réduction de 30 % pendant trois ans.
Les caractéristiques et les bénéfices du contrat
Pour bénéficier du CDI senior, les candidats ne doivent pas avoir eu d’activité au sein de l’entreprise au cours des six derniers mois. De leur côté, les employés doivent fournir un document officiel indiquant leur date de départ à la retraite à taux plein. Une fois cet âge atteint, l’employeur peut mettre fin au contrat.
Ce dispositif permet aussi aux employés de cumuler emploi et retraite, grâce à sa compatibilité avec la retraite progressive. Cette double opportunité permet aux employeurs de conserver des collaborateurs expérimentés, tout en offrant aux salariés un complément de revenu avant leur départ définitif à la retraite.
Vers une meilleure gestion des fins de carrière
Un autre aspect du projet impose aux branches professionnelles de négocier sur l’emploi des seniors au moins tous les quatre ans. En cas d’absence d’accord, ces négociations devront avoir lieu tous les trois ans. Pour les entreprises de plus de 300 salariés, ces discussions se dérouleront indépendamment des autres négociations.
Pour optimiser la gestion des carrières tardives, un entretien professionnel sera organisé deux mois après la visite médicale effectuée en milieu de carrière, et de nouveau deux ans avant que le salarié n’atteigne 60 ans. De plus, il sera possible de passer à un temps partiel dans le cadre d’une retraite progressive dès l’âge de 60 ans (au lieu de 62 ans actuellement), sauf si l’employeur justifie un refus.
Les perspectives législatives et les avis divergents
Le projet doit encore passer par une commission mixte paritaire (CMP) dans les semaines à venir, avec une promulgation espérée pour septembre 2025. Tandis qu’Astrid Panosyan-Bouvet se réjouit déjà de « l’adoption par l’Assemblée nationale », qu’elle qualifie de « réussite de la démocratie sociale », des critiques tels que Louis Boyard dénoncent ce qu’ils voient comme « une aberration » pouvant contraindre les seniors à des contrats précaires.