La France fait face à une nouvelle vague de chaleur, avec des températures dépassant les 42 degrés dans les Landes et les 41 degrés en Gironde ce lundi. Des campagnes de sensibilisation mettent en garde contre les dangers des fortes chaleurs, suscitant toutefois des réactions hostiles qui qualifient ces avertissements de « propagande climatique ». Pourtant, une minorité vocale sur les réseaux sociaux prétend que le froid entraîne davantage de décès que la chaleur, comme l’affirment certains internautes, rappelant que « le froid cause plus de décès que la chaleur », rapporte TopTribune.
Ce discours trouve écho parmi les climatosceptiques, qui refont surface avec chaque canicule. Dans les commentaires, l’un d’eux déclare : « On essaye de faire paniquer tout le monde pour des températures similaires à celles d’il y a 50 ans ou plus ». Un autre ajoute sexpressivement : « Où est donc le réchauffement climatique si c’est le froid qui tue le plus ? ».
FAKE OFF
La question se pose alors : les vagues de chaleur sont-elles réellement plus meurtrières que les vagues de froid ? Le débat est complexe. Un article de BFMTV, datant de février 2018, affirmait que « le froid cause 17 fois plus de morts que la chaleur, sans que les températures n’aient besoin d’être extrêmes ». Ces données proviennent d’une étude de 2015 publiée dans The Lancet, qui conclut que « plus de décès attribuables à la température ont été causés par le froid (7,29 %) que par la chaleur (0,42 %) ». Actuellement, en Europe, on dénombre dix morts dus au froid pour chaque décès lié à la chaleur. En France, une étude menée dans 18 villes a montré qu’entre 2000 et 2010, 3,9 % des décès étaient attribués au froid, contre 1,2 % à la chaleur.
Dans quelques années, la chaleur tuera plus que le froid
Cependant, ces études révèlent aussi que les conséquences des fortes chaleurs peuvent apparaître même sans températures extrêmes. Une étude de Santé publique France indique qu’il existe une température optimale moyenne de 23 à 28 °C, selon la ville. Passé ce seuil, chaque degré supplémentaire augmente rapidement le risque de décès. Bien que les vagues de froid entraînent actuellement davantage de décès que celles de chaleur, cette tendance pourrait s’inverser dans les années à venir. Une étude récente publiée dans Nature prédit que la baisse des décès dus au froid en Europe ne compensera pas l’augmentation des décès causés par la chaleur d’ici à la fin du siècle.
Ces conclusions reposent sur des scénarios élaborés à partir de données issues de 854 villes représentant 40 % de la population européenne, sans mesures suffisantes contre le réchauffement climatique.
Des « stratégies d’adaptations » nécessaires face à la chaleur
Les importantes campagnes de prévention liées à la canicule sont justifiées, surtout pour les populations vulnérables telles que les personnes âgées. En juin dernier, la canicule avait causé au moins 480 décès en excès, selon Santé publique France. Les experts préconisent également des mesures de santé publique de la part du gouvernement afin d’éviter une augmentation significative des décès liés à la chaleur à l’avenir.
Il est crucial de mettre en œuvre des interventions qui se concentrent sur les populations les plus vulnérables face aux impacts du réchauffement climatique. Une étude publiée dans Nature insiste sur l’importance de « strictes mesures » d’atténuation des émissions de carbone, ainsi que sur l’instauration de « stratégies d’adaptation » adaptées pour faire face à ces menaces croissantes. De précédentes recherches dans The Lancet avaient déjà souligné que le dérèglement climatique entraînerait une augmentation de la mortalité sur le long terme, appelant à des changements rapides et nécessaires.