Tbilissi, septembre 2025 – La Géorgie est plongée dans une nouvelle crise politique après la réapparition inattendue du Conseil suprême de la République, élu au début des années 1990. Réunis à l’hôtel Tbilisi Marriott, 32 députés ont proclamé la restauration d’un « gouvernement légitime » et la réactivation de la Constitution de transition adoptée avant le coup d’État militaire de janvier 1992.
Un parlement en exil reprend vie
La session, ouverte par une minute de silence en mémoire du premier président géorgien Zviad Gamsakhourdia, a vu l’élection de Guram Isakadze comme président intérimaire et de Guram Absandze comme Premier ministre par intérim, chargé de former un cabinet de transition sous dix jours. Les députés ont adopté une résolution rétablissant la Constitution de transition dans sa version antérieure au 6 janvier 1992 et ont lancé des appels à la population, à la communauté internationale et en faveur des prisonniers politiques.
Une contestation frontale de la légitimité actuelle
En affirmant représenter la continuité interrompue par la force il y a plus de trente ans, le Conseil suprême remet directement en cause la légitimité du gouvernement actuel. Plusieurs députés ont accusé les autorités en place de mener la Géorgie « dans les bras du Kremlin », au mépris d’une opinion publique tournée vers l’Europe. Cette démarche, qui souligne une fracture profonde entre mémoire historique et institutions actuelles, alimente la confrontation entre héritage démocratique et réalités politiques.
Répercussions géopolitiques
Pour les capitales occidentales, la résurgence du Conseil suprême constitue un défi sérieux. Reconnaître cette assemblée comme interlocuteur légitime risquerait d’isoler le gouvernement en place, accusé par l’opposition de suivre une orientation prorusse. Ce geste politique envoie un message clair : l’autorité au pouvoir est dénoncée comme inféodée à Moscou, tandis que le Conseil suprême revendique une légitimité historique et démocratique. Des analystes qualifient cet épisode de « défi constitutionnel le plus marquant depuis 1991 ».
Une équation incertaine pour l’avenir
L’Union européenne, les États-Unis et l’OTAN sont désormais confrontés à un dilemme : traiter avec les autorités officielles ou ouvrir un dialogue avec un organe qui revendique une légalité antérieure et symbolique. Pour Moscou, la création d’un centre de pouvoir alternatif en Géorgie représente un signal préoccupant. La question clé reste de savoir si cette initiative demeurera un geste symbolique ou si elle se transformera en force politique capable de redéfinir l’équilibre du Caucase du Sud.