Une histoire entre sommets et abîmes
- 1987-1990 : les débuts prudents
Le CAC 40 accompagne la libéralisation de la finance française. On y retrouve alors Péchiney, Elf Aquitaine, Thomson, autant de fleurons industriels bientôt disparus ou absorbés. - Les années 1990 : l’âge d’or des privatisations
C’est sous l’influence d’Édouard Balladur et d’Alain Juppé que l’État ouvre le capital d’Elf, de France Télécom, de BNPou de Renault. Le CAC reflète cette transformation. À la tête de ces nouveaux géants privés émergent des figures comme Michel Pébereau, qui bâtira BNP Paribas en 1999, ou Louis Schweitzer chez Renault. - 2000 : l’euphorie puis la chute de la bulle internet
En septembre, l’indice dépasse les 6 922 points. Les entreprises Alcatel et France Télécom devenaient les stars du moment. Cependant, la bulle éclate, et l’indice perd la moitié de sa valeur en deux ans. En 2002, Thierry Breton, nouvellement nommé PDG de France Télécom, hérite d’un mastodonte criblé de dettes. - 2007-2008 : le choc des subprimes
Sous la direction de Daniel Bouton à la Société Générale, la banque est frappée par le scandale Kerviel. Le CAC chute de 43 % en un an, et des figures comme Jean-Laurent Bonnafé chez BNP Paribas et Frédéric Oudéa chez Société Générale doivent rassurer des marchés secoués. - 2010-2020 : le règne du luxe et de la mondialisation
Alors que l’Europe éprouve des difficultés, les valeurs du luxe explosent. Des leaders comme Bernard Arnault (LVMH), François-Henri Pinault(Kering), et Axel Dumas (Hermès) imposent la France comme la capitale mondiale du luxe. À l’opposé, des icônes telles que Péchiney et Alcatel disparaissent définitivement des marchés. - 2020 : la pandémie de Covid-19
En mars, le CAC s’effondre de 40 % en seulement trois semaines. Rapidement, l’argent des banques centrales et la résilience des grands groupes ramènent l’indice à la vie. Bernard Arnault, PDG de LVMH, se hisse au rang de l’homme le plus riche du monde, tandis que Patrick Pouyanné (TotalEnergies) défend une stratégie de diversification énergétique. - 2023-2024 : l’âge des records
Franchissant le cap des 8 000 points, le CAC 40 atteint des sommets inédits. Il ne représente plus uniquement l’économie française, mais les entreprises globalisées qui réalisent 70 % de leur chiffre d’affaires en dehors de l’Hexagone.
Membres emblématiques du CAC 40 (2025)
Air Liquide – Airbus – Alstom – ArcelorMittal – AXA – BNP Paribas – Bouygues – Capgemini – Carrefour – Crédit Agricole – Danone – Dassault Systèmes – Engie – EssilorLuxottica – Hermès – Kering – L’Oréal – Legrand – LVMH – Michelin – Orange – Pernod Ricard – Publicis – Renault – Safran – Saint-Gobain – Sanofi – Schneider Electric – Société Générale – Stellantis – STMicroelectronics – Teleperformance – Thales – TotalEnergies – Unibail-Rodamco-Westfield – Veolia – Vinci – Vivendi – Worldline – Eurofins Scientific.
Les figures patronales qui incarnent l’indice
Le CAC 40 mêle aussi bien des noms d’entreprises célèbres que des dirigeants devenus des figures familières :
- Bernard Arnault (LVMH), architecte d’un empire mondial, dont l’influence dépasse désormais celle du PIB de certains pays européens.
- Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), symbole de la banque universelle européenne et pilier de stabilité après les crises.
- Patrick Pouyanné (TotalEnergies), dirigeant dynamique, au centre des débats sur la transition énergétique et le climat.
- Paul Hermelin puis Aiman Ezzat (Capgemini), qui ont transformé la SSII française en un leader mondial du numérique.
- Henri de Castries (ancien président d’AXA), facilitateur de l’internationalisation de l’assurance française.
- Guillaume Faury (Airbus), héritier d’une aventure européenne où la France occupe une place clé.
Entrées, sorties et symboles
Chaque départ du CAC 40 raconte une partie de son histoire : Thomson, Rhône-Poulenc, Péchiney ont marqué la fin d’une ère industrielle en France. À l’inverse, des arrivées comme Hermès en 2018 ou Dassault Systèmes en 2020 signent une transition vers une économie de la marque et de la technologie.
L’ascension d’Hermès a propulsé Axel Dumas au rang des dirigeants les plus admirés du secteur du luxe, tandis que la chute d’Alcatel, jadis un leader des télécommunications, nous rappelle que le CAC représente également un cimetière de gloires passées.
Crises et rebonds : une histoire française
Le parcours du CAC 40 est fortement lié aux crises mondiales. Il s’effondre lors de la bulle de l’internet, vacille face à la crise des subprimes, chute pendant la pandémie de Covid-19. Toutefois, il parvient toujours à renaître, souvent plus fort qu’auparavant. Cette résilience découle en grande partie de la diversification et de l’internationalisation des groupes qui le composent.
Actuellement, ce ne sont plus seulement les entreprises françaises qui portent le CAC 40, mais également la Chine, les États-Unis et le Moyen-Orient, qui constituent des marchés naturels pour ses géants du luxe, de l’aéronautique et de l’énergie.
Un miroir de la mondialisation
En près de 40 ans, le CAC 40 s’est métamorphosé d’indice de « l’économie française » à celui des champions mondiaux. Ses 40 sociétés génèrent la majorité de leur chiffre d’affaires à l’étranger. Cela explique la vigueur de l’indice, tout en suscitant un sentiment de déconnexion, car il reflète moins la réalité quotidienne des Français que celle d’un capitalisme globalisé, dont la France demeure le dépositaire des marques et des talents.