Le bitcoin a franchi, ce mardi, le seuil symbolique des 90.000 dollars, un niveau notoire dans un cadre de tensions croissantes parmi les investisseurs depuis le *crypto krach* du 10 octobre, rapporte TopTribune.
Le bitcoin a subi une chute significative ces dernières semaines, se détachant de ses sommets historiques atteints le mois dernier. Ce actif, qui était évalué à plus de 126.000 dollars début octobre, est passé sous les 90.000 dollars avant de connaître une légère remontée. Cette volatilité accroît l’hésitation des investisseurs à parier sur cette cryptomonnaie, traditionnellement perçue comme un actif risqué.
Le bitcoin a enregistré des records successifs depuis la fin de l’année dernière, en grande partie grâce aux attentes suscitées par l’élection de Donald Trump, qui avait promis un second mandat favorable aux cryptomonnaies. En décembre 2024, la monnaie numérique avait déjà franchi pour la première fois la barre des 100.000 dollars. Toutefois, elle a atteint un sommet de 126.251,31 dollars début octobre, soutenue par les anticipations d’une baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale des États-Unis. Des taux d’intérêt plus bas tendent à rendre la dette américaine moins séduisante par rapport aux cryptomonnaies.
Cependant, la situation a radicalement changé après le 10 octobre, lorsque des déclarations de Donald Trump concernant la Chine ont ravivé les craintes d’une guerre commerciale. Les investisseurs se sont alors détournés des actifs volatils pour opter pour des placements plus sûrs. De plus, de nombreux traders avaient placé des paris sur une hausse du bitcoin en empruntant de l’argent, ce qui a aggravé la situation lorsque le prix a commencé à chuter, entraînant des liquidations massives de positions qui ont accentué la baisse du cours.
Rachael Lucas, analyste chez BTC Markets, estime que 20 milliards de dollars de bitcoins ont disparu lors de cette chute, rendant la cryptomonnaie encore moins attractive et pesant sur son prix.
Les raisons de la poursuite de la baisse
Avec le bitcoin tombé sous les 90.000 dollars, il a perdu un quart de sa valeur par rapport à son record. D’autres cryptomonnaies ont également connu une baisse. Une nervosité générale prévaut concernant les actifs jugés risqués, y compris les actions. Cette incertitude est accentuée par des craintes d’une bulle liée à l’intelligence artificielle. Les marchés montrent de l’inquiétude face à l’absence de données économiques fiables sur l’économie américaine, en partie à cause de la récente paralysie budgétaire aux États-Unis.
Simon Peters, de la société de courtage eToro, a identifié un « perte de confiance » des investisseurs dans une éventuelle réduction des taux directeurs de la Fed lors des réunions des 9 et 10 décembre. Selon lui, les déclarations récentes des membres de la Fed renforcent cette perception. Si les taux d’intérêt demeurent élevés plus longtemps, le dollar pourrait apparaître comme une alternative plus intéressante que les cryptomonnaies, rendant la prise de risques moins attrayante.
Perspectives d’avenir
John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank, souligne que cette perte d’intérêt pour le bitcoin révèle une réalité plus profonde : de nombreux particuliers sont « échaudés » par des baisses de prix antérieures, notamment parmi les cryptomonnaies plus spéculatives.
« La volatilité des cryptomonnaies », reste « un obstacle à leur adoption généralisée tant individuelle qu’institutionnelle », admet Thomas Probst, analyste chez Kaiko, interrogé par l’AFP.
Cependant, le bitcoin montre une résilience notoire, ayant déjà traversé plusieurs périodes de chocs, notamment pendant la pandémie de COVID-19 et après l’effondrement de la plateforme FTX fin 2022. De plus, l’intérêt croissant des institutions financières et l’évolution positive des réglementations, comme le GENIUS Act soutenu par Trump, qui a été adopté cet été, pourraient favoriser l’avenir des cryptomonnaies. L’Union européenne a également mis en place un cadre réglementaire avec le règlement MiCA, en vigueur depuis la fin de l’année dernière, tandis que Londres devrait proposer ses propres règles en 2026.