Lavrov conditionne la paix à une neutralité forcée de l’Ukraine
Lavrov conditionne la paix à une neutralité forcée de l’Ukraine

Lavrov conditionne la paix à une neutralité forcée de l’Ukraine

25.08.2025 19:00
2 min de lecture

Le 24 août 2025, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accordé un entretien à NBC News, exposant la position du Kremlin : un « accord de paix » ne serait possible qu’à condition que l’Ukraine renonce à l’OTAN et adopte un statut de neutralité sous des « garanties » de grandes puissances. Il a précisé que les questions territoriales devaient être traitées séparément et a exclu une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, arguant que « l’ordre du jour n’est pas prêt ». Lavrov a également accusé l’Occident de bloquer les négociations et nié les frappes contre des civils, affirmant que la Russie visait uniquement des cibles militaires et industrielles selon une « information fiable de renseignement ».

Des « conditions » assimilées à une capitulation

Les propositions de Moscou sont perçues comme inacceptables pour Kyiv : abandonner l’intégration euro-atlantique, accepter des garanties extérieures au lieu d’une défense collective, et tolérer des revendications territoriales russes. Ce schéma ne correspond pas à une trêve équitable, mais à une feuille de route vers une capitulation partielle, permettant au Kremlin de geler la guerre à ses conditions tout en conservant des leviers de pression à long terme. En niant la légitimité du président Zelensky, Lavrov ajoute un obstacle majeur, vidant de sens toute perspective de négociation directe.

La rhétorique des frappes et la menace sur l’infrastructure

Interrogé sur les attaques contre un site américain en Ukraine, Lavrov a insisté sur le ciblage « exclusivement militaire et industriel ». Une telle définition, très large, ouvre la voie à des frappes sur toute infrastructure stratégique, des usines énergétiques aux hubs logistiques, sous prétexte d’usage potentiel militaire. Cette rhétorique vise à justifier la poursuite d’attaques contre des installations vitales, y compris celles liées au capital étranger, en masquant leur caractère de crimes de guerre derrière des arguments techniques.

Une opération d’influence tournée vers Washington

L’intervention de Lavrov dépasse le cadre diplomatique : il s’agit d’une opération de communication destinée à l’audience américaine. En s’exprimant dans une émission politique de premier plan, il cherche à transférer la responsabilité du conflit sur l’Occident et à présenter un scénario de « paix simple » via des concessions unilatérales de l’Ukraine. L’objectif est de fragiliser le consensus bipartisan à Washington et de créer des divergences avec les alliés européens, au moment où de nouvelles décisions d’aide militaire à Kyiv doivent être débattues.

Des lignes rouges qui accroissent le risque d’escalade

Le Kremlin a par ailleurs tracé ses « lignes rouges » : aucune mission de l’OTAN en Ukraine, neutralité garantie par des puissances extérieures, et interdiction de renforcer la présence occidentale. En pratique, ces exigences équivalent à un droit de veto russe sur la politique de défense de Kyiv et sur toute assistance étrangère. Une éventuelle mission d’entraînement ou de protection occidentale pourrait être dénoncée comme un casus belli, accentuant le risque d’une nouvelle escalade militaire.

Déni des crimes de guerre et double langage

Enfin, Lavrov a répété les formules habituelles visant à blanchir la conduite de Moscou : « nous ne frappons jamais les civils », « uniquement des cibles militaires », « protéger les russophones ». Ces affirmations, déjà maintes fois contredites par des preuves documentées, servent de couverture rhétorique pour préparer de nouvelles vagues d’attaques contre le réseau énergétique, les transports et les infrastructures urbaines.

Le contraste avec le discours adressé aux États-Unis

Alors que des responsables républicains, comme le vice-président J. D. Vance, présentent Moscou comme disposée à respecter la souveraineté ukrainienne, Lavrov, dans le même temps, sape les bases de toute négociation sérieuse en niant la légitimité de Kyiv et son droit à une défense collective. Le Kremlin ne montre pas une volonté de compromis, mais exploite le calendrier politique américain pour affaiblir l’unité occidentale et prolonger la guerre à ses conditions.

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