Le 30 septembre 2025, le ministère autrichien des Affaires étrangères a déclaré persona non grata un membre de l’ambassade russe à Vienne à la suite d’un scandale d’espionnage impliquant le géant énergétique OMV. Ce diplomate a déjà quitté le territoire autrichien. OMV, principal producteur pétrolier de l’Europe centrale, a son siège à Vienne et joue un rôle stratégique dans l’économie régionale.
Détails de l’affaire et réactions officielles
L’incident survient après le refus de la Russie de lever l’immunité diplomatique du suspect, empêchant ainsi l’ouverture d’une enquête formelle par les autorités autrichiennes. Selon les renseignements autrichiens, le diplomate avait maintenu plusieurs contacts avec un cadre d’OMV récemment licencié pour suspicion d’espionnage au profit de Moscou. Des documents internes saisis lors d’une perquisition confirment des échanges de données sensibles, bien que la durée et l’ampleur exacte de l’opération restent incertaines. Une enquête criminelle a été ouverte contre l’employé d’OMV.
Intensification des tensions et contexte stratégique
Depuis 2024, plusieurs pays occidentaux s’alarment de la montée des activités des services russes en Autriche. Selon des rapports, Vienne serait devenue une base clé pour des opérations covertes russes en Europe, y compris le financement et la logistique pour des assassinats, sabotages et recrutements. Le nombre de diplomates russes en Autriche a augmenté de 400 à plus de 500 ces deux dernières années, suite à la fermeture du consulat russe à Munich. Une partie de ces diplomates est soupçonnée d’activités d’espionnage, avec des installations de surveillance sur plusieurs bâtiments diplomatiques. Des enquêtes indiquent également un transfert important de fonds en liquide vers l’Autriche, redistribués ensuite à travers l’Europe.
Implications politiques et enjeux de sécurité
Cet incident met en lumière des inquiétudes croissantes au sein du parlement autrichien. Plusieurs députés réclament une réaction ferme face à ce qu’ils qualifient de « passivité dangereuse » vis-à-vis de l’espionnage russe. Ces tensions s’inscrivent dans un contexte plus large de débats sur la sécurité européenne et les relations avec Moscou. Des figures politiques autrichiennes ayant occupé des postes de responsabilité dans des entreprises russes, comme l’ex-chancelier Wolfgang Schüssel et l’ex-ministre Karin Kneissl, soulignent l’ampleur des liens économiques et stratégiques entre Vienne et Moscou au cours des dernières décennies.
Risques et perspectives pour l’Europe
L’affaire souligne le risque que représente l’espionnage industriel et diplomatique pour la sécurité énergétique et stratégique de l’Europe. Elle ravive également les interrogations sur la nécessité d’un cadre plus strict de contrôle des missions diplomatiques. Dans un contexte où la guerre en Ukraine et les tensions Est-Ouest persistent, cet épisode pourrait influencer la politique autrichienne et européenne en matière de contre-espionnage et de sécurité énergétique.