L'Assemblée nationale : un spectacle orchestré par les passionnés

L’Assemblée nationale : un spectacle orchestré par les passionnés

08.11.2025 14:33
3 min de lecture

Une Gouvernance à l’Instinct en France

Il arrive des moments où l’on réalise à quel point la France a de particularités. Il est désormais possible de devenir député sans avoir jamais pris connaissance d’un rapport d’impact ou d’avoir une compréhension claire du terme « conséquence ». Il suffit, au bon moment, de lever la main, et une nouvelle taxe est instaurée. On applaudit, on se félicite, et on passe rapidement à l’amendement suivant. À croire que nos législateurs sont devenus des entrepreneurs de la démagogie : improvisation, ajustement, communication, peu importe si cela met à mal un secteur de l’économie, rapporte TopTribune.

La dernière innovation en date est l’impôt sur la fortune improductive. Rien que son appellation évoque une création sortie tout droit d’un débat de café. « Bien sûr, taxons ce qui ne produit rien ! » C’est une bonne idée en théorie, cependant, il semblerait que personne n’ait jugé utile d’analyser ce qui est réellement productif. Cet impôt, introduit par un député centriste du MODEM, Matteï, qui aurait mieux fait de rester anonyme, a été voté dans la précipitation, amendé sans réflexion préalable par les socialistes, ce qui constitue un véritable exemple de bricolage fiscal à la française. Aucune étude d’impact, pas de chiffrage détaillé, aucune réflexion sur d’éventuels effets collatéraux. Voilà comment fonctionne la gouvernance à la hâte. Et quand il s’agit d’effets secondaires, personne ne semble au courant. Quel en sera le rendement ? Mystère. Quel sera l’impact sur l’économie ? Encore plus de mystères. Allons-nous assister à un exode de contribuables ? Les œuvres d’art vont-elles quitter le sol national ? Le marché immobilier, qui représente plus de 10 % du PIB, va-t-il se retrouver paralysé ? Silence total. Mais peu importe : le vrai objectif est de « taxer les riches ». Le gouvernement n’agit plus pour favoriser la prospérité, mais pour mettre des sanctions. Ironiquement, ou tristement, ces amendements sont soutenus par des arguments moraux. « Justice sociale », « contribution équitable », « solidarité » : le grand bingo des bons sentiments. On omet simplement que, selon la Déclaration des droits de l’homme, l’impôt n’est pas basé sur une notion morale, mais doit être juste et efficace, ses vertus n’étant plus à l’ordre du jour. Et l’efficacité semble être devenue un gros mot dans le débat public.

Dans une entreprise normale, chaque décision stratégique est précédée d’une étude, d’une consultation, d’une évaluation chiffrée, et souvent d’une phase de test. Dans la vie quotidienne, avant de se lancer dans l’achat d’une maison ou d’une voiture, on s’informe. Mais à l’Assemblée, c’est une autre histoire. On improvise. On débat d’après l’instinct, on vote par éthique, et on légifère selon des intuitions incertaines. Le règne de l’amateurisme a désormais un visage institutionnel. L’Assemblée nationale ressemble à une discothèque sans DJ, où chacun appuie sur les boutons au hasard, espérant que quelque chose d’harmonieux en résulte. Et tout cela dans une période où la France nécessite de l’efficacité, non des émotions. Le budget devrait être un exercice de perspicacité, visant à faire fonctionner l’État tout en stimulant la prospérité, que ce soit celle de l’État, des entreprises ou des citoyens. Mais non : on préfère instaurer des taxes symboliques, à caractère moral, une forme de punition exemplaire. Certains projets de taxes sur les holdings ont même été évoqués, bien heureusement, sans suite, laissant présager des conséquences désastreuses pour les entrepreneurs qui osent encore investir.

Au final, nous avons une Assemblée dépourvue de boussole, de rigueur, et de vision. Une grande salle où les convictions et les compétences se mêlent, où l’indignation côtoie l’absence de réflexion. Les débats sont intenses, les compréhensions minimes, et les décisions nombreuses. Le Parlement devrait incarner le cœur de la rationalité républicaine. Malheureusement, il est devenu un théâtre de bonnes intentions et de calculs erronés. Gouverner sur la base des émotions transforme la loi en un réflexe impulsif. Et lorsque la République se laisse guider par des émotions, les signes ne sont généralement pas prometteurs.

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