Jean-Claude Gaudin est mort dans le Var, révèle France Bleu Provence. Il était âgé de 84 ans.
L’ancien maire de Marseille Jean-Claude Gaudin est mort à l’âge de 84 ans, a appris France Bleu Provence auprès de son secrétaire. Il est décédé à Saint-Zacharie, dans le Var. Maire de Marseille pendant 25 ans, de 1995 à 2020, ex-ministre de la Ville de novembre 1995 à juin 1997 du gouvernement d’Alain Juppé, président de région, de métropole et vice-président du Sénat, il avait consacré sa vie à la politique.
Fils unique d’un maçon et d’une ouvrière, Jean-Claude Gaudin est né le 8 octobre 1939 à Mazargues, un quartier du 9e arrondissement de Marseille. En 1965, le jeune professeur d’histoire-géographie est élu aux municipales sur la liste socialo-centriste menée par Gaston Defferre, son mentor. À 26 ans, Jean-Claude Gaudin est le benjamin des conseillers municipaux de Marseille, rapporte France Bleu Provence. Neuf ans plus tard, en 1974, il participe à la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing. Candidat de l’UDF dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône, Jean-Claude Gaudin devient député en 1978. Il siégera au palais Bourbon jusqu’en 1989.
La mairie de Marseille, le rêve ultime
Aux élections municipales de 1983 à Marseille, Jean-Claude Gaudin conduit la liste d’opposition contre Gaston Defferre, alors ministre de l’Intérieur. Trois ans plus tard, en 1986, il devient président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (un poste qu’il occupera jusqu’en 1998). En 1988, Jean-Claude Gaudin est élu pour un quatrième mandat de député dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône, mais essuie un nouvel échec aux municipales à Marseille l’année suivante face à Robert Vigouroux, relate France Bleu Provence. En 1989, il réalise son rêve d’adolescence en devenant sénateur des Bouches-du-Rhône.
En juin 1995, Jean-Claude Gaudin est élu maire de Marseille, poste qu’il convoite depuis 12 ans. Cette même année, en novembre, il devient ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ville et de l’Intégration du gouvernement Juppé II. La même année, il est élu président de la nouvelle communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole. L’année 2008 marque le début de ses troisièmes mandats de maire de Marseille et de sénateur des Bouches-du-Rhône. En 2014, il entame son quatrième mandat à la mairie de Marseille et est réélu au Sénat. En 2015, il s’installe à la tête de la métropole Aix-Marseille-Provence. Le président du Sénat Gérard Larcher lui propose alors un siège au Conseil constitutionnel qu’il refuse. »C’est un honneur. J’ai pesé les choses, mon cœur et mon âme sont à Marseille », « tweete » à l’époque le maire de la cité phocéenne. « La France perd un grand homme au service de la politique et des territoires, je perds un ami », réagit lundi 20 mai sur X Gérard Larcher.
Plus de 120 ans de mandats cumulés
Petit à petit, Jean-Claude Gaudin se retire de la vie politique. À partir de juin 2017, il annonce qu’il ne sera pas candidat aux élections municipales de 2020 et apporte son soutien, d’abord à Bruno Gilles puis à Martine Vassal. En septembre de la même année, Jean-Claude Gaudin démissionne de son poste de sénateur pour cause d’interdiction de cumul des mandats. Il en aura effectué plus de 120 ans, tous portefeuilles confondus, en plus d’un demi-siècle de vie politique. En septembre 2018, invoquant son âge avancé, il quitte la présidence de la métropole. Martine Vassal, également présidente du département des Bouches-du-Rhône, lui succède.
En novembre 2018, l’effondrement de plusieurs immeubles rue d’Aubagne, qui provoque la mort de huit personnes, pèse sur la fin du quatrième mandat de Jean-Claude Gaudin. L’édile est très critiqué pour son inaction. La question reviendra d’ailleurs hanter son 198e et dernier conseil municipal, le 27 janvier 2020. En juin 2020, la coalition de gauche, écologiste et citoyenne Printemps marseillais s’empare de la mairie de droite. Le 4 juillet, en pleine crise sanitaire, le « vieux lion » arrivera par une porte dérobée à la tribune de la salle du conseil municipal pour passer l’écharpe de maire au cou de Michèle Rubirola, qui lui succède. Cette dernière démissione en 2020 et cède son fauteuil au maire actuel de Marseille, Benoît Payan.
Neuf mois après avoir quitté son fauteuil de maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin publie ses mémoires, Maintenant, je vais tout vous raconter, dans lesquelles il égrène les moments clés de son histoire politique. Après une tournée médiatique pour « vendre » son autobiographie, il jure qu’on n’entendra plus jamais parler de lui.
« Il était Marseille faite homme »
La justice se rappellera néanmoins à son bon souvenir : en novembre 2021, il est entendu pour la première fois par les juges dans le cadre de l’enquête sur le drame de la rue d’Aubagne. Quatre mois plus tard, en mars 2022, il comparaît dans l’affaire des heures supplémentaires fictives à la mairie de Marseille. Il est condamné à six mois de prison avec sursis et à 10 000 euros d’amende pour « détournement de fonds publics par négligence », après avoir tardé à mettre un terme à un système généralisé d’heures supplémentaires indûment accordées aux agents municipaux, sans travail effectif. Il a reconnu sa culpabilité.
Le président de la République Emmanuel Macron lui a rendu hommage dans un post sur X : « Il était Marseille faite homme. De sa ville, sa passion, il avait l’accent, la fièvre, la fraternité. Pour elle, cet enfant de Mazargues s’était hissé aux plus hauts postes de la République qu’il a servie. Je pense à ses proches et aux Marseillais ».