La visite controversée de Gérald Darmanin à Nicolas Sarkozy en prison prévue prochainement

La visite controversée de Gérald Darmanin à Nicolas Sarkozy en prison prévue prochainement

21.10.2025 18:23
2 min de lecture

Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé depuis 9h37 ce mardi, un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le cadre du procès libyen. L’ancien président de la République, qui a formulé une demande de mise en liberté, bénéficie de nombreux soutiens, dont celui de Gérald Darmanin, ministre de la Justice. Celui-ci a exprimé son souhait de rendre visite à Sarkozy, une intention qui suscite des controverses, rapporte TopTribune.

Gérald Darmanin « pas insensible »

Sarkozy a droit à trois visites hebdomadaires de proches. En tant que garde des Sceaux, Gérald Darmanin a déclaré vouloir se rendre à la prison de la Santé, justifiant son intervention par sa responsabilité d’assurer le bon fonctionnement du service public. « Le ministre de la Justice peut aller voir n’importe quelle prison et n’importe quel détenu quand il le souhaite, ce n’est pas anormal », a-t-il déclaré lundi sur France Inter, rappelant que Sarkozy, ayant fait appel, était « présumé innocent ». Darmanin a également exprimé son inquiétude concernant les conditions de sécurité de l’ancien président.

Les deux hommes partagent un long passé commun. Au sein de l’UMP (devenu LR), Darmanin était un protégé de Sarkozy, qui l’a désigné comme porte-parole lors de sa campagne interne en 2014. Malgré la retraite politique de Sarkozy, les liens entre les deux restent solides, avec des soutiens mutuels dans leurs affaires judiciaires respectives. « J’ai beaucoup de tristesse pour le président Sarkozy », a souligné Darmanin sur France Inter, ajoutant qu’il ne peut ignorer « la détresse d’un homme », ce qui pourrait nuancer le message concernant sa future visite.

Une « fragilisation de l’autorité judiciaire » ?

Patrick Kanner, sénateur socialiste, a critiqué sur France Info l’intervention de Gérald Darmanin, soulignant que la séparation des pouvoirs aurait récompensé le silence du président Emmanuel Macron et du ministre dans cette affaire. Ce soutien à Sarkozy a également été remis en question par des membres du parti présidentiel. « Cela pose un problème politique, car cela donne l’impression que Sarkozy est un citoyen au-dessus des lois, alors qu’il a été condamné », a déclaré Ludovic Mendes, député Renaissance de Moselle. Il a ajouté que les remarques de Darmanin pourraient créer une perception d’injustice à plusieurs vitesses.

Récemment renouvelé dans ses fonctions par Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin avait annoncé son intention de se distancier de toute activité partisane. Il a quitté le parti Renaissance et mis en pause son mouvement Populaires. Cependant, son soutien affiché à Sarkozy dans ce contexte judiciaire suscite des interrogations quant à sa capacité à maintenir une impartialité requise.

« Une atteinte à l’indépendance des magistrats »

Sacha Houlié, ancien macroniste devenu député apparenté PS, a également critiqué Darmanin pour son intervention, la qualifiant de « logique militante en contradiction avec ses responsabilités ». Il a averti que cela pourrait compromettre l’autorité judiciaire qu’il est censé défendre. Rémy Heitz, procureur de la Cour de cassation, a exprimé des préoccupations similaires, indiquant qu’une visite de Darmanin pourrait nuire à la sérénité de la justice et à l’indépendance des magistrats.

En réponse aux accusations, Gérald Darmanin a affirmé sur X que sa préoccupation pour la sécurité des anciens présidents relève de son devoir en tant que chef d’administration. Son cabinet, ainsi que plusieurs de ses soutiens, n’ont pas réagi à nos demandes de clarification.

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