La taxation des holdings : une erreur à la fois économique et politique.

La taxation des holdings : une erreur à la fois économique et politique.

19.10.2025 22:23
6 min de lecture

Décrite comme une mesure destinée à promouvoir l’équité fiscale, la taxe sur les holdings vise ceux qui ont su se développer et réussir. Sous couvert de justice, c’est finalement la réussite des entrepreneurs qui est mise à mal, ceux-ci ayant généré richesse et emplois, rapporte TopTribune.

Un signal désastreux pour les entrepreneurs

Les holdings, qui sont des entités juridiques créées suivant le cadre fiscal établi par l’État, ont été pendant longtemps des outils permettant d’organiser la croissance, de transmettre des entreprises et de réinvestir des bénéfices dans de nouvelles initiatives. Cependant, le gouvernement a brusquement changé les règles en introduisant une imposition sévère sur ces structures, en ne ciblant que celles appartenant aux entrepreneurs ayant généré plus de cinq millions d’euros. Une telle décision envoie un message désastreux : il est possible de respecter la législation, de créer des emplois et de soutenir l’économie tout en étant pénalisé pour ses efforts. Ce scénario risque de générer une triple fracture : une incompréhension économique, un sentiment d’injustice palpable et une menace politique considérable pour les formations libérales, désormais perçues comme adversaires de ceux qui contribuent à la richesse du pays.

Une absurdité économique mise en lumière

Un entrepreneur partage son expérience : « Cette nouvelle imposition est incroyable. Je ne suis pas certain de pouvoir l’acquitter, car mes fonds sont déjà engagés. Si je fais un chiffre d’affaires de 450 000 euros et que je dois payer 400 000 euros de taxes en raison de mes 20 millions d’euros d’actifs et d’investissements non liquides, je ne pourrai plus assurer les salaires de mes employés. » Ce témoignage met en évidence l’illogisme de cette réforme : elle punit le stock plutôt que le flux. On impose des actifs immobilisés comme s’ils constituaient un revenu libre. Dans la réalité, de nombreuses holdings génèrent des flux modestes, qu’elles réinvestissent pour soutenir des projets d’avenir. Cette politique engendrera plusieurs conséquences immédiates : d’abord, un désinvestissement obligé, où certaines entités devront vendre des actifs ou distribuer d’importants dividendes simplement pour honor er leurs obligations fiscales. Ensuite, une fuite des capitaux, car les entrepreneurs qui se sentiront acculés chercheront refuge à l’étranger, dans des pays à la fiscalité plus accueillante. Enfin, la disponibilité des financements productifs se réduira, étant donné que ces holdings, souvent comparables à des fonds d’investissement familiaux, soutiennent actuellement les startups, PME et ETI. Cela entraînerait une érosion de la souveraineté économique, car ces investissements familiaux, fortement ancrés dans le tissu entrepreneurial français, seraient remplacés progressivement par des fonds étrangers dont les intérêts sont souvent à court terme. À long terme, cela risque de dissuader les futures générations d’entrepreneurs, qui pourraient choisir de structurer leurs holdings en dehors de France, au Luxembourg ou à Genève.

La tendance à l’exode des talents et des capitaux

Un nombre croissant de jeunes entrepreneurs, ceux qui n’ont pas encore connu le succès, envisagent de déménager à l’étranger. Luc, récemment diplomé d’une grande école d’ingénieurs et encore étudiant, vient de développer un logiciel avec deux associés. Il explique : « Depuis qu’on aborde cette taxe, je recherche des possibilités pour établir ma structure au Luxembourg ou dans un autre pays. J’ai besoin de stabilité. On ne peut pas bâtir une entreprise lorsque les règles varient sans arrêt. » Luc n’est pas un cas isolé. De nombreux étudiants des écoles de commerce et d’ingénierie estiment qu’ils ne pourront pas bâtir leur avenir en France. Ils déclarent que le pays « n’apprécie pas ceux qui réussissent » et rejettent un système qui pénalise l’ambition. Ce ressentiment qui s’intensifie vis-à-vis des entrepreneurs prospères pourrait se révéler préoccupant : un pays qui fait fuir ses créateurs de richesses se dirige vers son propre déclin. Ce qui rend le projet de taxe encore plus incompréhensible, c’est que des figures issues du camp libéral adoptent les points de vue égalitaristes traditionnels. Amélie de Montchalin, par exemple, diplômée d’HEC, récemment a affirmé que les holdings permettraient d’échapper à l’impôt sur le revenu, ce qui est totalement inexact. Ce type de déclaration témoigne du décalage de certains responsables politiques par rapport à la réalité économique.

Vers une réforme bénéfique et créatrice de valeur

Au-delà des divergences politiques, plusieurs pistes de réforme pourraient engendrer un consensus. La problématique des holdings dédiées aux entrepreneurs à succès n’est pas qu’idéologique ; elle touche à la cohérence économique et à la stabilité nationale. La gauche pourrait y percevoir une chance de réhabiliter l’image de l’entrepreneur, ce citoyen qui génère valeur et emplois par son travail, tout en tenant à son objectif de taxer les rentes et de corriger les injustices économiques. La droite républicaine et le mouvement macroniste pourraient aussi tirer parti de l’occasion pour réaffirmer leur engagement en faveur du libéralisme économique, de la liberté d’entreprendre et de la préservation d’un cadre fiscal stable. Pour sa part, le Rassemblement national pourrait soutenir l’idée d’orienter le capital national vers les entreprises françaises au nom de la souveraineté économique. Ce sujet transcende en réalité les clivages politiques : il s’agit de protéger la création, la production et la stabilité du capital national.

1. Différencier clairement les types de holdings
Toutes les holdings ne sont pas synonymes de rente. Certaines représentent des acteurs clés du dynamisme économique en France. Les holdings animatrices pilotent plusieurs entreprises, garantissant leur stabilité financière. Les holdings investisseuses fonctionnent comme des fonds d’investissement à long terme, soutenant les startups, PME et innovations. Les holdings familiales facilitent la transmission d’entreprises souvent centenaires, préservant ainsi le capital français face aux influence des fonds étrangers. Un ciblage précis de ces entités permettrait de faire respecter la logique initiale : taxer les rentes, et non la production.

2. Établir un statut légal pour les entrepreneurs
Reconnaître juridiquement et fiscalement la spécificité du parcours entrepreneurial enverrait un message fort. Les bénéfices issus de la vente d’une société fondée ou intégrée dès sa création ne devraient pas être considérés comme un revenu patrimonial, mais comme un capital de création, résultant du risque et du travail. Exclure ces gains du champ d’imposition enverrait un signal de confiance aux entrepreneurs. Ce statut pourrait être soutenu tant par les libéraux que par une gauche réformiste : l’entrepreneur, dans sa définition la plus républicaine, incarne le mérite et l’effort.

3. Orienter l’épargne vers les entreprises françaises
Assurer que le capital reste en France est un objectif qui peut unir la droite souverainiste, le centre libéral et une partie de la gauche économique. Exclure les investissements dans des entreprises françaises, qu’elles soient cotées ou non, de l’assiette fiscale inciterait immédiatement les capitaux à alimenter le tissu productif. C’est une mesure de bon sens économique et de souveraineté : encourager l’investissement productif plutôt que de chercher à « récupérer » des recettes fiscales qui nuiraient à l’assiette fiscale future.

4. Préserver la base fiscale future et la stabilité
La création de valeur générée par les entreprises se retrouve déjà dans les comptes publics via l’impôt sur les sociétés, les cotisations sociales et la fiscalité sur les dividendes. En décourageant l’investissement productif, on met en péril la base fiscale de demain. La justice fiscale réside dans l’élargissement de l’assiette par la croissance, et non dans sa réduction par des pénalisations. Si une contribution devait perdurer, elle devrait rester progressive, ciblée sur les patrimoines les plus élevés et assortie d’une clause de stabilité. Les entrepreneurs investissent sur le long terme, la fiscalité doit donc cesser d’être un domaine instable.

Conclusion

Taxer la réussite fragilise le fondement même de la prospérité. La France a besoin d’une dynamique d’entrepreneurs et d’investissements durables et ancrés. Espérons que face à ce projet, certains responsables politiques garderont à l’esprit les réalités économiques. Plusieurs députés sauront probablement défendre les intérêts économiques de la France au-delà des simples symboles idéologiques et contribuer à l’amendement de cette réforme pour en assurer la cohérence. Éric Juvin, vice-président de la commission des finances, représente cette approche pragmatique

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