Les stocks de maquereaux, un poisson prisé en France pour sa richesse en oméga 3 et son prix abordable, subissent une baisse alarmante. Selon le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), les populations de maquereaux ont chuté de 7,26 millions de tonnes en 2015 à seulement 2,8 millions de tonnes en 2025, un niveau proche du seuil critique. Cette situation préoccupante est causée par le changement climatique et, surtout, par la surpêche, rapporte TopTribune.
Malgré l’établissement de quotas de captures, ceux-ci sont souvent ignorés, les États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Norvège, l’Islande et les Îles Féroé n’atteignant pas d’accords efficaces. En quinze ans, la somme des quotas unilatéraux a excédé l’avis scientifique de 39 %, entraînant une surpêche de six millions de tonnes. Erin Priddle, directrice Europe du Nord de l’ONG Marine Stewardship Council (MSC), avertit : « Sans action urgente, les stocks de maquereaux courent un risque bien réel d’effondrement. »
Une réduction des captures indispensable
Pour remédier à cette crise, les scientifiques du CIEM recommandent de réduire les captures de 77 % pour l’année prochaine. Le non-respect de cette recommandation pourrait compromettre la reconstitution des stocks. L’ONG MSC appelle les décideurs à écouter ces conseils scientifiques, soulignant l’importance d’une coopération internationale pour établir des quotas durables avant qu’il ne soit trop tard.
En France, le secteur de la pêche reconnaît ce problème de surpêche. Jérôme Jourdain, secrétaire général adjoint de l’Union des armateurs de France (UAPF), atteste d’une baisse significative de la biomasse de maquereaux due à une surpêche. Toutefois, il dénonce principalement les pratiques des pays côtiers non conformes aux règles. « Depuis le Brexit, les Britanniques et les Norvégiens ne jouent clairement pas le jeu et chacun essaie de pêcher toujours plus », déplore-t-il.
Les enjeux géopolitiques compliquent la situation
De plus, la présence de navires de pêche russes dans les eaux internationales suscite des inquiétudes, car « personne ne sait ce qu’ils pêchent », souligne Jourdain, conscient que le débat est complexe sur le plan géopolitique. Une réunion entre les États côtiers est prévue mi-octobre pour tenter de rétablir un accord, mais Jourdain doute de la possibilité d’un consensus : « On espère revenir à cet accord initial de 2014, mais il y a peu de chances qu’un terrain d’entente soit trouvé. »
Les conséquences pour les pêcheurs français pourraient être graves si cette situation persiste. Jourdain exprime sa frustration face à l’impossibilité d’augmenter les captures tout en devant s’adapter aux études scientifiques actuelles. « À cause du non-respect des règles par certains États, nous allons devoir pêcher beaucoup moins. Nous n’avons d’autre choix que de nous adapter à la ressource naturelle », affirme-t-il.
La crise des stocks de maquereaux soulève des questions plus larges concernant la durabilité et la gestion des ressources maritimes. Avec la nécessité de coopérer pour préserver cette espèce emblématique, il est urgent que les gouvernements mettent de côté leurs différences politiques et collaborent pour établir un cadre de conservation efficace.
Les actions entreprises au cours des prochains mois joueront un rôle crucial dans la détermination de l’avenir des stocks de maquereaux et de la durabilité de la pêche en Europe. En fin de compte, la protection de ces ressources vitales est essentielle non seulement pour les pêcheurs, mais également pour l’écosystème maritime européen dans son ensemble.