Le Premier ministre slovaque Robert Fico s’apprête à conclure un accord intergouvernemental avec Washington pour la construction d’un nouveau réacteur nucléaire à Jaslovské Bohunice, d’une valeur estimée entre 12 et 15 milliards de dollars. La décision a été prise sans appel d’offres ouvert et sans la participation de Rosatom, dont la Slovaquie rejette désormais les services, invoquant des considérations stratégiques.
Westinghouse sélectionné sans appel d’offres
Le gouvernement slovaque a choisi l’américain Westinghouse pour ce projet d’envergure, actant ainsi une rupture nette avec son fournisseur historique russe. Ce choix marque un tournant pour Bratislava, qui met fin à des décennies de dépendance à l’égard de la Russie dans le domaine nucléaire. La décision de contourner la procédure d’appel d’offres est justifiée, selon les autorités, par des impératifs de sécurité nationale et de souveraineté énergétique.
Une rupture motivée par des enjeux de sécurité
La ministre de l’Économie Denisa Saková a souligné que la dépendance à l’égard du combustible nucléaire russe n’était plus tenable dans le contexte géopolitique actuel. La Russie est accusée d’utiliser l’énergie comme un outil de chantage politique, une réalité que plusieurs pays de l’Union européenne cherchent à contrer. Elle a également précisé que la France manquait de capacités de production suffisantes et que la Corée du Sud, pour sa part, avait besoin de licences américaines — renforçant ainsi la position dominante de Westinghouse.
Vers une indépendance énergétique accrue pour l’UE
Ce partenariat américano-slovaque s’inscrit dans une dynamique plus large de diversification énergétique au sein de l’UE. Pour Bratislava, qui dépend à près de 50 % du nucléaire pour sa consommation électrique, il s’agit d’un pas décisif vers l’indépendance énergétique et la réduction de l’influence russe dans les secteurs critiques. Le retrait de Rosatom est aussi un signal fort d’alignement sur la stratégie européenne d’isolement de la Russie, en réponse à sa guerre contre l’Ukraine.
Fico, premier dirigeant du groupe de Visegrád reçu par Trump
La visite de Robert Fico à Washington, qui devrait intervenir sous peu, marquera également une première diplomatique : il sera le premier chef de gouvernement d’un pays du groupe de Visegrád à être officiellement reçu par le président américain Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche. L’accord nucléaire devrait être signé après validation par la Commission européenne, traduction officielle en slovaque et approbation formelle des deux parties.