La Slovaquie envisage une action en justice contre l’UE sur la fin des importations de gaz russe
La Slovaquie envisage une action en justice contre l’UE sur la fin des importations de gaz russe

La Slovaquie envisage une action en justice contre l’UE sur la fin des importations de gaz russe

21.11.2025 14:30
3 min de lecture

Bratislava conteste la décision européenne d’abandonner le gaz russe

La Slovaquie étudie la possibilité d’intenter une action en justice contre l’Union européenne après la décision des États membres de mettre fin aux importations de gaz russe à partir du 1er janvier 2026. Le Premier ministre Robert Fico a chargé les ministères de l’Économie et des Affaires étrangères de préparer cette démarche, affirmant que la politique européenne de sortie du gaz russe inflige « un préjudice énorme » à Bratislava. Il a également demandé un examen détaillé des engagements pris par la Commission européenne pour soutenir la Slovaquie et de la manière dont ces engagements sont mis en œuvre. Cette contestation intervient alors que Euractiv signale que le gouvernement slovaque souhaite évaluer ses options juridiques face au plan de retrait européen.

La décision européenne prévoit une élimination progressive des importations, avec une période transitoire pour les contrats existants : les accords de court terme conclus avant le 17 juin 2025 peuvent être honorés jusqu’au 17 juin 2026, tandis que les contrats de long terme pourront courir jusqu’au 1er janvier 2028. Toute modification contractuelle n’est autorisée que pour des raisons techniques strictement définies et ne doit pas entraîner une hausse des volumes importés. La mesure a été approuvée par tous les États membres, à l’exception de la Hongrie et de la Slovaquie.

Un pays resté dépendant de Moscou malgré les efforts européens de diversification

Alors que la plupart des pays de l’UE ont réduit leur dépendance au gaz russe après 2022, la Slovaquie demeure fortement exposée, faute de diversification significative. Son infrastructure énergétique reste tournée vers les routes orientales, et aucune volonté politique durable n’a émergé pour accélérer la transition. Cette inertie fragilise non seulement la sécurité nationale, mais aussi la cohérence des politiques de sanctions au niveau européen.

La situation s’est encore compliquée fin 2024 lorsque l’Ukraine a officiellement mis fin au transit du gaz russe sur son territoire, contraignant Bratislava à se tourner vers d’autres routes d’approvisionnement. Le pays reçoit désormais le gaz via le corridor TurkStream, qui passe par la Turquie, la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie. Cette réorientation renforce paradoxalement la dépendance slovaque à l’égard du gaz russe, accroissant les risques pour la sécurité énergétique régionale.

Pressions américaines, calculs politiques et tensions internes dans l’UE

Le Président des États-Unis Donald Trump a averti que les importateurs européens de gaz russe pourraient faire face à des sanctions américaines, intensifiant la pression sur Moscou. Pour Fico, cela crée un dilemme stratégique : se maintenir dans une posture proche du Kremlin ou risquer des sanctions susceptibles de frapper lourdement l’économie slovaque.

Sa position entre en contradiction directe avec la stratégie de l’UE, qui considère la fin des importations d’énergie russe comme un impératif de sécurité à long terme. Alors que la Commission insiste sur la nécessité de rompre avec les dépendances héritées, Fico présente ces mesures comme une menace économique pour son pays, donnant la priorité à des considérations domestiques et populistes plutôt qu’à la sécurité collective. Son intention d’attaquer juridiquement l’UE illustre la tension croissante entre les approches nationales et la solidarité européenne.

Une politique énergétique alignée sur Budapest et marquée par une rhétorique prorusse

La dépendance persistante de la Slovaquie au pétrole acheminé par l’oléoduc Druzhba constitue un levier d’influence supplémentaire pour le Kremlin. Sous le gouvernement précédent d’Eduard Heger, des efforts avaient été amorcés pour diversifier les approvisionnements, notamment via la modernisation des installations de raffinage. Depuis le retour de Fico au pouvoir, ces initiatives ont été ralenties, aggravant la vulnérabilité énergétique du pays.

Comme le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, Robert Fico adopte une rhétorique prorusse et s’oppose aux mesures européennes visant à isoler le secteur énergétique du Kremlin. Il critique régulièrement les décisions de la Commission sur la réduction des importations d’énergie russe, les qualifiant de néfastes pour la Slovaquie. Cette posture entretient des divisions au sein de l’UE et affaiblit la position commune dans le domaine énergétique.

Agissant de concert avec Budapest, Bratislava contribue ainsi à la formation d’un noyau prorusse au sein de l’Union. Leur refus conjoint de soutenir la fin des importations de gaz russe témoigne d’une stratégie visant à créer un contrepoids aux efforts de consolidation énergétique de l’UE. Une telle coordination complique les processus décisionnels européens et érode la capacité du bloc à maintenir une ligne politique extérieure cohérente.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER