La Salle de Situation de la Maison Blanche : un espace de crise où les présidents prennent des décisions face à la guerre entre Israël et l'Iran.

La Salle de Situation de la Maison Blanche : un espace de crise où les présidents prennent des décisions face à la guerre entre Israël et l’Iran.

23.06.2025 17:33
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Chaque photographie a été soigneusement analysée. Un cliché met en avant le président Donald Trump, le regard intense, observant la mission qui a détruit, samedi 21 juin, trois sites d’enrichissement nucléaire iraniens, rapporte TopTribune. Sur un autre cliché, le président américain se tient dans la salle de crise de la Maison Blanche, dite « Situation Room », pendant que son chef d’état-major interarmées, Dan Caine, semble prendre la parole. À chaque fois qu’il est photographe, Trump arbore une casquette rouge vif portant son emblématique slogan de campagne « Make America Great Again ».

Ces images montrent Donald Trump entouré de membres clés de son équipe, dont le vice-président J.D. Vance, le secrétaire d’État Marco Rubio – qui agit également comme conseiller à la sécurité nationale –, la cheffe de cabinet de la Maison Blanche, Susie Wiles, ainsi que le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth. Tous sont réunis autour d’une grande table en bois ornée de bouteilles d’eau à moitié vides et de gobelets jetables affichant le sceau de la Maison Blanche.

Selon l’agence de presse américaine AP, Donald Trump ressort nettement sur les photos, bien que d’autres responsables en avant-plan, tels que Hegseth ou Vance, apparaissent légèrement flous. D’après le Washington Post, ces images, vues près de 12 millions de fois sur X, ont été numériquement retouchées, potentiellement pour dissimuler des informations sensibles ou classifiées présentes sur certains documents.

La série de clichés publiés par la Maison Blanche le jour des frappes américaines contre l’Iran sur son compte X offre au public un rare aperçu de l’intérieur de la « Situation Room », ravivant encore la curiosité chaque fois que des images de ce complexe hautement secret sont dévoilées, selon l’analyse d’Associated Press.

Le quotidien The Independent rappelle que cette salle est le lieu où des experts civils et militaires surveillent en continu les événements mondiaux via une multitude d’écrans et alertent le président ou ses principaux collaborateurs lorsque des situations critiques nécessitent leur attention immédiate, ce qui peut se produire à toute heure du jour ou de la nuit.

Un ancien bowling

La salle de conférence principal, où ont été prises les photos de Trump et son équipe, est connue sous le nom de « JFK Room », d’après John Fitzgerald Kennedy, président lors de l’établissement de la salle de crise de la Maison Blanche en 1961. Sa construction a été décidée par son conseiller à la sécurité nationale McGeorge Bundy après l’échec de l’invasion de la baie des Cochons à Cuba, une tentative de renverser Fidel Castro. Ce fiasco avait été attribué à des communications et des renseignements défaillants.

George Robert Stephanopoulos, un journaliste américain et ancien conseiller du président Bill Clinton, explique dans son livre « The Situation Room: The Inside Story of Presidents in Crisis » que, dans le passé, un bowling occupait cet emplacement. Contrairement à la croyance populaire, la « Situation Room » n’est pas une simple pièce, mais un vaste complexe comprenant trois salles de conférence et un poste de surveillance, situé au sous-sol de l’aile ouest de la Maison Blanche.

Comme le relate le Washington Post, ce lieu a été le témoin de certains des moments les plus tendus de l’histoire moderne. Il a été actif pendant la confrontation entre Kennedy et les Soviétiques durant la crise des missiles de Cuba. Lyndon B. Johnson y a passé tellement de temps pendant l’offensive du Têt au Vietnam qu’il a même fait descendre sa chaise depuis le Bureau ovale pour s’y asseoir en pyjama, selon les récits.

Des tensions historiques

La « Situation Room » a déjà été au cœur des vives tensions entre les États-Unis et l’Iran, utilisée par le président Jimmy Carter dans les années 70 lors de négociations infructueuses pour obtenir la libération des otages américains par le régime islamique. Pendant la guerre du Golfe, le président George H.W. Bush s’y rendait chaque matin entre 4 et 5 heures, comme le note Michael K. Bohn, ancien directeur de la « Situation Room » sous Ronald Reagan, qui a également écrit sur ce sujet dans son ouvrage « Nerve Center: Inside the White House Situation Room ».

Le 11 septembre 2001, ce même lieu a été activement utilisé. Après les attaques contre le World Trade Center à New York, les membres de l’administration de George W. Bush ont immédiatement investi la salle. Selon George Robert Stephanopoulos, ils ont ignoré les ordres d’évacuation, malgré la menace d’un attentat imminent contre la Maison Blanche. Frank Miller, alors directeur principal de la politique de défense, a même demandé à chacun d’écrire son nom et son numéro de sécurité sociale, en déclarant : « Nous devons savoir quels corps rechercher. »

L’assassinat de Ben Laden

Un des événements les plus marquants associés à la « Situation Room » date de 2011, lorsque la photo du président Barack Obama, portant une tenue décontractée et concentré, a fait le tour du monde pendant l’opération Neptune Spear, qui a conduit à l’assassinat d’Oussama Ben Laden au Pakistan. L’équipe observait attentivement les images du raid mené par des commandos Navy Seal. À cette occasion, un document classifié devant la secrétaire d’État Hillary Clinton a également été discrètement dissimulé sur cette photographie emblématique. Le photographe Pete Souza, qui a immortalisé ce moment, a relaté : « On ressentait toujours le poids de l’histoire dans cette pièce. »

Huit ans plus tard, la Maison Blanche a diffusé une image du président Donald Trump prise dans des circonstances similaires lors de l’opération pour éliminer le chef de l’État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi. Toutefois, les deux images contiennent des contrastes marqués. En 2019, contrairement à l’époque d’Obama, Trump et ses conseillers étaient habillés en costumes-cravates, tandis que les militaires étaient en grande tenue. L’équipe présidentielle semblait stoïque, sans émotion, face à la situation. Plus tard, son successeur Joe Biden a été présent lors de la mort d’Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, un autre leader de l’EI, également tué lors d’une opération des forces spéciales américaines en Syrie.

Une salle en constante évolution

Au fil des décennies, la configuration de la « Situation Room » a évolué. Aménagée à l’origine avec un style danois moderne, elle a été modernisée dix ans plus tard durant la présidence de Richard Nixon. Ce dernier, accompagné de son conseiller à la sécurité nationale Henry Kissinger, a qualifié l’endroit d' »inconfortable, inesthétique et oppressant ». À la fin de l’ère de George W. Bush, la salle, alors désignée comme un « donjon low-tech » par le New York Times, a reçu un lifting avant d’être entièrement modernisée en 2023 avec des équipements à la pointe de la technologie pour un coût de 50 millions de dollars.

Cependant, l’ambiance reste inchangée. Kayleigh McEnany, attachée de presse de la Maison Blanche sous Trump, a partagé avec Fox News que l’atmosphère qui y règne est particulière : « C’est une expérience saisissante. Chaque fois, nous laissons nos téléphones à la porte. Nous entrons dans une pièce de 450 m², accompagnée des horloges de tous les fuseaux horaires, et nous nous asseyons alors que des décisions vitales sont prises. »

Devenue une référence dans la politique américaine, la « Situation Room » figure régulièrement dans des films et des séries télévisées telles que « À la Maison Blanche », « Commander in Chief » ou encore « 24 heures chrono ». De plus, l’une des émissions phares de CNN, diffusée depuis 20 ans, porte également ce nom. Soixante-quatre ans après sa création, la « Situation Room » a de nouveau été mise en lumière par Donald Trump avec l’opération « Midnight hammer » lancée par les États-Unis en Iran.

Avec Associated Press

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