L’Union européenne fait face à une possible nouvelle crise migratoire orchestrée par une alliance entre Vladimir Poutine, le général libyen Khalifa Haftar et Alexandre Loukachenko. Selon la Commission européenne, une hausse significative des vols entre Benghazi, en Libye, et Minsk, en Biélorussie, témoigne d’une coordination visant à favoriser un afflux illégal de migrants vers l’UE.
Intensification des vols entre Benghazi et Minsk
Depuis mai 2025, les vols entre Benghazi et Minsk ont augmenté de manière notable : deux vols en mai, cinq en juin, puis quatre en juillet. Ce trafic aérien s’inscrit dans une stratégie russe d’exploitation du territoire libyen, où Moscou a redéployé des forces et du matériel militaire depuis sa base en Syrie, renforçant ainsi la position de Haftar. Ce dernier contrôle des réseaux de passeurs essentiels dans le transit des migrants vers l’Europe via la Méditerranée. Cette dynamique inquiète particulièrement alors que le Kremlin déploie des armes défensives et un soutien militaire visible lors de parades à Benghazi.
Une nouvelle manœuvre hybride contre l’Europe
Ce scénario rappelle la crise migratoire de l’été 2021, quand la Biélorussie avait facilité le passage illégal de dizaines de milliers de migrants principalement originaires du Moyen-Orient, provoquant une pression politique et sécuritaire sur les États frontaliers comme la Pologne et la Lituanie. Cette manœuvre s’inscrit dans une stratégie de guerre hybride russe combinant attaques cybernétiques, campagnes de désinformation et pressions politiques, visant à déstabiliser l’UE.
Frontex alerte sur une menace croissante
L’agence européenne Frontex a identifié la Biélorussie comme un foyer majeur des traversées illégales en 2025, avec près de 5 000 passages recensés aux frontières orientales de l’UE sur les sept premiers mois de l’année. Malgré une baisse par rapport à 2024, les autorités européennes craignent une recrudescence si la route Libye-Biélorussie s’intensifie, amplifiant la crise migratoire sur plusieurs fronts.
La stratégie russe exploitant divisions et relais locaux
Le recours à Haftar permet à Moscou de préserver une certaine distance et de nier son implication directe, compliquant ainsi la réaction européenne. La Russie mise aussi sur les divisions internes à l’UE concernant la gestion des flux migratoires, susceptibles d’aggraver les tensions politiques, de renforcer les partis radicaux et de détourner l’attention des enjeux cruciaux, notamment la guerre en Ukraine.
Une réponse européenne multidimensionnelle nécessaire
Face à ce défi, l’UE devra conjuguer diplomatie, sanctions ciblées et actions judiciaires contre Minsk et les entités impliquées, afin d’empêcher cette manœuvre de déstabilisation qui pourrait rapidement passer d’une crise locale à une crise régionale, mettant en péril la cohésion européenne et la sécurité des frontières extérieures.