La Russie assure des approvisionnements en hydrocarbures à la Chine grâce à sa flotte maritime discrète.

La Russie assure des approvisionnements en hydrocarbures à la Chine grâce à sa flotte maritime discrète.

08.09.2025 11:13
2 min de lecture

Le 6 septembre 2025, le pétrolier Voskhod, inscrit sur la liste noire des États-Unis, a été observé au large de la côte chinoise après avoir quitté le terminal sibérien d’Arctic LNG 2. Bien que la cargaison de pétrole et de gaz soit théoriquement interdite, cet incident met en lumière l’évolution de la flotte fantôme russe et soulève des questions sur l’efficacité réelle des sanctions occidentales ainsi que sur la stratégie de Pékin, rapporte TopTribune.

Observation et traçabilité : l’échec des sanctions occidentales

Les informations de traçabilité maritime montrent qu’un navire, ayant pris en charge une cargaison le 19 juillet en Sibérie, a accosté en Chine avec près de 150 000 m³ de GNL, selon des données rapportées par Reuters. En dépit de l’interdiction, il s’agit du deuxième tanker sanctionné à être accueilli en Chine, suite à l’Arctic Mulan arrivée fin août 2025.

Les agences de renseignement occidentales tentent de suivre ces itinéraires grâce aux signaux AIS, aux images satellites, ainsi qu’à des collaborations portuaires. Cependant, il est évident que l’ensemble des sanctions ne parvient pas à bloquer de manière significative les livraisons. Selon Le Monde, environ 70 % du pétrole russe exporté par mer circule via cette flotte parallèle, échappant ainsi aux régimes d’assurance et de certification. Le vaisseau aperçu en Chine représente une lacune persistante : les États-Unis et l’Occident surveillent, mais n’arrivent pas à stopper les importations.

Pékin : un partenaire stratégique pour Moscou

La Chine, le plus grand importateur mondial de pétrole et un consommateur clé de gaz, adopte toutes les stratégies pour sécuriser ses besoins. Son intérêt pour le GNL sibérien est double : il lui permet de diminuer sa dépendance aux approvisionnements du Moyen-Orient tout en affirmant une solidarité tactique avec Moscou.

Le premier transfert, arrivé fin août à Beihai, a été précédé de quelques jours par une visite officielle de Vladimir Poutine, soulignant l’importance politique de ces échanges. Entre le 27 et le 31 août, le méthanier La Perouse a été le sixième à charger du GNL en Arctique. Le 4 septembre, Yevgeny Ambrosov, directeur général adjoint de Novatek, a déclaré : « Les chargements ont commencé. Le premier navire est entré en Chine », comme rapporté par Reuters.

Le silence officiel de Pékin face aux critiques occidentales témoigne d’un choix stratégique : la Chine accepte de s’exposer pour garantir ses réserves énergétiques. Les escales rapides de ces navires révèlent une intention de minimiser les empreintes visibles, tout en consolidant la coopération bilatérale.

Conséquences stratégiques et limites des sanctions

Pour les experts, chaque arrivée d’un navire sanctionné en Chine illustre un signal faible confirmant la solidité du système russe. Les États-Unis peuvent multiplier les sanctions, mais tant que les cargaisons trouvent preneur, le mécanisme punitif reste inachevé.

Le 2 septembre, Reuters a suggéré que nous avons atteint un « pic des sanctions » : leur efficacité diminue à mesure que Moscou diversifie ses itinéraires. Sur le terrain, cela se traduit par plusieurs implications :

  • la Russie maintient un débouché constant pour ses hydrocarbures ;
  • la Chine renforce sa relation énergétique et stratégique avec Moscou ;
  • l’Occident se retrouve confronté à une impasse opérationnelle, surveillant les flux sans capacité à les inhiber.

Le défi actuel réside moins dans la détection de la flotte fantôme que dans la capacité d’action : doit-on se contenter d’un simple suivi statistique ou envisager des mesures plus actives, telles que l’interdiction de port et le blocage naval ? Pour l’heure, la flotte fantôme russe s’affirme comme un dispositif pérenne, institutionnalisé et accepté par les grandes puissances en dehors du bloc occidental.

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