La Russie a annoncé qu’elle renonce à son unique porte-avions, l’Amiral Kouznetsov, suite à un échec majeur de modernisation. Ce retrait, dans le contexte actuel du conflit avec l’Ukraine, soulève des questions sur les ambitions maritimes de Moscou, rapporte TopTribune.
Le dernier porte-avions russe en service sera bientôt mis à la casse. À la veille de la Journée de la Marine russe, fin juillet, l’annonce a suscité une onde de choc : l’Amiral Kouznetsov, unique porte-avions du pays, ne retournera jamais à la mer.
Après des années de réparations inachevées, le navire doit être vendu ou démantelé, selon des sources. « Nous pensons qu’il n’y a plus d’intérêt à le réparer. Il a plus de 40 ans et coûte trop cher », a déclaré Andreï Kostine, directeur de VTB Bank, qui supervise l’industrie navale militaire.
Construit dans les années 1980, le Kouznetsov est classé parmi les croiseurs porte-aéronefs lourds (TAVKR), conçu pour contourner la Convention de Montreux limitant les mouvements des porte-avions à travers le Bosphore. Il était destiné à protéger les sous-marins stratégiques.
Depuis la chute de l’URSS, d’autres porte-avions russes ont été démantelés ou vendus à des pays comme l’Inde et la Chine. En revanche, Moscou a conservé ce vieux bâtiment naval. En 2016, lors d’opérations en Syrie, l’Amiral Kouznetsov a perdu deux avions à cause d’incidents et ses missions aériennes ont dû être transférées à terre. Ses performances étaient également compromises par une propulsion défaillante, laissant une traînée de fumée noire derrière lui. De plus, il ne pouvait embarquer qu’une trentaine d’appareils, comparativement aux environ 70 de ses homologues américains, et manquait de radar aéroporté et d’avions de guerre électronique, affichant ainsi un net retard technologique.
Un chantier de modernisation raté
Lancé en 2017, le chantier de modernisation s’est soldé par un fiasco : deux incendies, des retards, et des surcoûts astronomiques s’élevant à plus de 100 milliards de roubles, soit le tiers du coût d’un porte-avions neuf. « C’est une relique », a admis l’amiral Sergueï Avakiants.
Ce retrait laisse la Russie sans capacité aéronavale, tandis que l’Inde et la Chine, qui partagent les mêmes bases technologiques héritées de l’ère soviétique, ont renforcé leurs flottes. Ce renoncement peut être perçu comme un symbole des ambitions maritimes limitées de Moscou.