La rentrée au cégep : soutien parental ou autonomie des étudiants ?

La rentrée au cégep : soutien parental ou autonomie des étudiants ?

24.08.2025 12:44
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La transition au cégep : un défi pour l’autonomie des étudiants

Le passage du secondaire au cégep représente un moment critique pour de nombreux élèves, pouvant entraîner un véritable choc. Certains cégeps invitent les parents à des réunions pour faciliter cette transition. Les étudiants manquent-ils d’autonomie ? Cette question a été posée récemment, rapporte TopTribune.

En juin, Pascale Bourgeois, chargée de cours au département d’éducation et pédagogie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), soulevait des préoccupations quant au fait que les jeunes entrant au cégep étaient perçus comme trop infantilisés. Lors d’une rencontre d’information destinée aux nouveaux élèves et à leurs parents, elle s’est interrogée sur la nécessité pour ces jeunes de gagner en autonomie sans l’appui parental constant.

Line Légaré, directrice des communications du cégep de Maisonneuve, confirme que ces réunions pour parents existent depuis plus de 20 ans, visant à répondre aux questions des élèves et à faciliter la transition entre le secondaire et le collégial. « Les parents sont très présents, avec 712 inscriptions pour la réunion de juin dernier. Ces rencontres se font désormais en ligne en raison de l’exigüité des locaux », indique-t-elle.

On constate un changement dans le profil des jeunes. Ils sont moins autonomes, plus fragiles psychologiquement, mais on reporte le moment où ils seront confrontés à des situations où ils n’auront pas le choix de se fier à eux-mêmes, à leur jugement. On ne peut pas les encadrer indéfiniment.

Pascale Bourgeois, chargée de cours au département d’éducation et pédagogie de l’UQAM

Elle souligne que certains parents, n’ayant pas fait leurs études au Québec, méconnaissent le fonctionnement du système collégial. « Nous les informons sur les services disponibles pour les étudiants tout en précisant que ce sont désormais les élèves qui doivent prendre l’initiative en cas de difficulté », ajoute Légaré.

Des réunions similaires sont organisées dans divers cégeps, notamment à Jonquière, au Vieux Montréal, et à Saint-Laurent. Noémi Cantin, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), rappelle que même si l’implication parentale est cruciale au secondaire, elle demeure importante au cégep. Elle souligne la diversité des besoins selon les élèves : certains deviennent rapidement autonomes, tandis que d’autres nécessitent un encadrement plus poussé.

L’importance d’être responsable

Victoria Alcindor, 18 ans, témoigne de son expérience au cégep : « Au début, c’est un peu intimidant, mais très vite, je me suis fait un cercle d’amis. » Elle met toutefois en garde sur la nécessité d’être responsable et proactive, précisant que le rythme et la charge de travail au cégep peuvent être déroutants pour certains étudiants.

Pour ce qui est des cours, il faut être responsable, car ça va vite, la matière est condensée. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à ses professeurs.

Victoria Alcindor

Julien Agoston, 18 ans, qui entame sa troisième session en sciences humaines, partage également ses réflexions. Il souligne l’importance d’être vigilant, afin d’éviter une chute rapide des notes. « Mon conseil : la transition devrait commencer dès la cinquième secondaire pour que les parents laissent leurs enfants se débrouiller », affirme-t-il.

Encadrement jugé nécessaire

Noémi Cantin constate un changement dans les comportements des élèves vis-à-vis de leur autonomie. Selon elle, il est devenu plus difficile de laisser les étudiants expérimenter une certaine liberté académique. « Les étudiants ont besoin de plus d’encadrement ; il leur faut des instructions claires pour qu’ils se sentent à l’aise », déclare-t-elle.

Elle se demande si ce constat reflète un réel manque d’autonomie chez les étudiants ou si ce sont les attentes qui ont évolué. « À l’université, c’est l’exception, mais des parents m’ont déjà appellé pour discuter de leurs enfants, ce qui est inacceptable. Nous leur faisons comprendre que c’est aux étudiants de prendre les devants. »

Pascale Bourgeois critique la tendance actuelle à privilégier le bien-être au détriment de l’instruction et du débat intellectuel. « Nous formatons les étudiants à travailler en groupe, car beaucoup d’entre eux ressentent de l’anxiété à collaborer avec des pairs inconnus. »

Ève Pouliot, professeure à l’UQAC, plaide pour éviter les généralisations, tout en reconnaissant que le soutien parental peut être positif. « Il est essentiel de reconnaître que tous les jeunes n’ont pas les mêmes atouts d’apprentissage et que certains peuvent faire face à des défis additionnels. »

Pas pour infantiliser

La Fédération des cégeps affirme que les rencontres avec les parents visent à faciliter la transition scolaire et non à infantiliser les étudiants. Cette période est cruciale pour la persévérance scolaire et le succès académique des étudiants, et chaque cégep doit adapter ses initiatives aux besoins de sa population étudiante.

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