Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane en visite à Washington pour renforcer les liens économiques et sécuritaires
Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane (MBS) est arrivé à Washington, D.C., mardi, marquant sa première visite officielle aux États-Unis en plus de sept ans, pour une rencontre avec le président Donald Trump au Bureau ovale. Ce voyage représente un revirement dans la manière dont Washington traite le dirigeant de facto du royaume et souligne l’importance croissante des relations américano-saoudiennes, rapporte TopTribune.
Ce changement de ton s’est construit au fil des années. L’ancien président Joe Biden avait juré en 2021 de faire de l’Arabie saoudite un « paria » suite à l’assassinat du journaliste du Washington Post et résident américain Jamal Khashoggi en 2018. Toutefois, conscient de l’importance de l’Arabie saoudite pour les intérêts américains, l’administration Biden a commencé à adoucir sa position. Biden a effectué un voyage dans le royaume en 2022 et a signé le communiqué de Jeddah. Le retour de Trump à la Maison Blanche en janvier et les nouvelles dynamiques régionales accélèrent le rétablissement de relations plus chaleureuses avec Riyadh, qui dépassent la simple transactionnalité et semblent devoir perdurer.
La politique étrangère de Trump envers le Moyen-Orient durant son second mandat s’éloigne nettement de la coexistence délicate avec une région dominée par l’Iran. Les événements survenus depuis les attaques du 7 octobre, qui ont mis en évidence Téhéran comme une source clé d’armements pour le Hamas, ainsi que pour d’autres groupes militants, ont prouvé que l’Arabie saoudite avait raison de signaler la menace à la stabilité régionale posée par la République islamique. Trump adopte une approche plus belliciste au Moyen-Orient, renforçant son partenariat avec un leader régional solide comme l’Arabie saoudite pour consolider la stabilité dans cette région en mutation rapide.
Voyant l’Arabie saoudite comme une opportunité économique majeure, Trump espère capitaliser sur les bonnes relations établies lors de sa première visite à Riyadh en mai, où des accords commerciaux lucratifs ont été signés. Le programme Vision 2030 de l’Arabie saoudite, visant à diversifier son économie au-delà du pétrole, nécessite l’expertise américaine en innovation et en transfert de technologie. Un forum d’investissement saoudien-américain se tiendra à Washington mercredi.
Les États-Unis cherchent également à l’Arabie saoudite un partenaire de défense principal dans le monde arabe. Trump a annoncé lundi que les États-Unis vendront des F-35 au royaume. Bien que les États-Unis ne soient pas enclin à accorder à l’Arabie saoudite le statut exceptionnel accordé à Israël concernant la personnalisation des chasseurs américains, un accord de défense durable visant à garantir la sécurité du royaume semble probable.
Il convient de noter qu’aucune des parties n’a imposé de conditions politiques à leurs engagements économiques et sécuritaires. La question de la normalisation de l’Arabie saoudite avec Israël reste en suspens, Riyadh insistante sur le fait que cela ne pourra se faire qu’avec un chemin vers un État palestinien. L’Arabie saoudite est consciente de son pouvoir de négociation et ne fera pas de concessions significatives sans un geste israélien substantiel.
La transformation économique de l’Arabie saoudite aura des répercussions à l’échelle régionale, offrant davantage d’opportunités d’emploi, de reconstruction, d’investissement et de développement des compétences, tous cruciaux pour des régions comme Gaza, la Syrie et le Liban. Toutefois, la prospérité économique de l’Arabie saoudite dépend de la stabilité de son environnement immédiat. Les incitations économiques découlant de son partenariat avec les États-Unis pourraient catalyser un effort plus étroit vers une stabilité à long terme au Moyen-Orient.
Ainsi, bien que la politique ne soit pas le principal titre de visite de MBS à Washington, elle demeure un facteur sous-jacent dans la relation américano-saoudienne. L’ordre régional, qui n’est plus dominé par l’Iran, pousse Washington à reconnaître que son meilleur atout pour stabiliser le Moyen-Orient est de cultiver des liens profonds avec Riyadh. Les accords économiques et de défense attendus de cette visite devraient continuer à ouvrir la voie à un réajustement politique majeur dans la région.